

La Fontaine, Fables, Livres 1 à 6
Maupassant, La Maison Tellier. Une partie de campagne et autres nouvelles
Henri Michaux, La Nuit remue
Nathalie Sarraute, Tropismes
Par Chantal Quillet, Alina Nastase Gonzalez, Yannick Balant et Édouard Bourdelle
France met. & monde : 3€ jusqu'à 25€, 6€ jusqu'à 50€, 9€ jusqu'à 100€, 12€ au-delà 100€ DOM-TOM : 8€
Le programme de lettres du concours 2020 de l'ENS et de la BEL, pour tous les khâgneux.
Fiche technique
Introduction 13
Fables de Jean de la Fontaine, livres I-VI
Étude analytique 17
Contexte 17
Les Fables : l’œuvre d’une vie 17
Les Fables : l’esprit d’un siècle 19
Problématiques 21
Le titre et l’inscription dans le genre 21
La composition du recueil :
esthétique de la variété et dispositif mémoriel 23
“La Vie d’Ésope le Phrygien” : l’homme-fable 26
L’économie de la fable : la brièveté 27
L’économie de la fable : la nouveauté 29
La transposition animalière 33
La mise en œuvre poétique 35
Étude thématique 39
Le récit bref 39
Le récit bref : une longue histoire 39
La fabrique des histoires 41
La bigarrure du récit 44
L’œuvre littéraire, ses propriétés, sa valeur 45
Imitation et invention 45
Pédagogie de la fable 48
La représentation littéraire 50
L’enchantement de la métamorphose 50
L’anthropologie animale 52
Une représentation seconde 54
La Maison Tellier de Guy de Maupassant
Étude analytique 59
Le contexte 59
Éléments biographiques 59
Contexte culturel 62
La littérature fait pression / Tensions et visions du monde 62
Parrainages littéraires 63
La littérature périodique 64
Problématiques 65
Titre et structure du recueil 65
La question de l’archéologie 68
Positionnement narratorial 69
La terminologie de Genette 69
Une position ambiguë : l’usage du pronom “on” 70
La leçon flaubertienne et l’effacement du narrateur 72
Une écriture classique 73
L’organisation des phrases 74
L’absence de pittoresque 75
La notion d’équilibre 76
Quel réalisme ? 77
Réalisme et critique sociale 77
Réalisme et influence de Schopenhauer 79
Réalisme et fantastique 81
Étude thématique 83
Le récit bref 83
Quelques définitions et stratégies d’usage 83
L’effet de la brièveté sur la narration 85
L’œuvre littéraire, ses propriétés, sa valeur 88
Maupassant en dehors de toute école 88
Naturalisme 88
Réalisme 89
Un peu d’opportunisme ? 90
La représentation littéraire 92
Tropismes de Nathalie Sarraute
Étude analytique 97
Repères 97
Biographie de l’auteur 97
Le “Nouveau Roman” 100
Nathalie Sarraute et le Nouveau Roman : une place à évaluer 103
Problématiques 104
“Tropismes” 105
Genèse du texte 106
Ouvrir Tropismes : expériences de lectures 107
“Au ras des mots” :
pour une approche naïve de Tropismes 108
Approche paradigmatique du texte 111
Tropismes, ou le principe du dépouillement 112
• Non pas des personnages ; des personnes ? 112
• Enfants, femmes, vieillards 114
• Un univers étrange et angoissant 119
• L’absence d’intrigue 122
• Les Tropismes et leur auteur 124
Les tropismes et la conscience 125
• La délicate question du langage 127
• Inventer son instrument 128
Tropismes et la littérature 130
Un héritage littéraire 130
La difficulté d’une détermination générique 132
Étude thématique 137
Le récit bref 137
L’œuvre littéraire, ses propriétés, sa valeur 138
La représentation littéraire 141
La Nuit remue de Henri Michaux
Étude analytique 147
Repères 147
Biographie de Henri Michaux : vies de H.M. 147
“Je suis né troué” 148
Voyages, “ratage”… 149
“Belge de Paris” 149
Voyages et écriture 149
Peintures, voyages, et amours 150
Guerre 150
“Nous deux encore” 150
“On change de gare de triage quand on se met à peindre” 151
“Misérable Miracle” 151
“Paix dans les brisements” 151
“Technique de la mort au lit” 151
La Nuit remue : premier livre ? 152
La Nuit, un thème ambivalent chez Michaux 154
La nuit, un thème poétique 154
La nuit pour Michaux : se laisser envahir. 155
La Nuit remue, recueil nocturne ? 157
Problématiques 159
La Nuit remue et Mes propriétés : portée des titres 159
La Nuit remue 159
Mes propriétés 160
Deux contrats de lecture opposés 161
La Nuit remue : une plongée dans l’imaginaire 162
Mes propriétés : l’imaginaire, modes d’emploi 163
Deux recueils successifs ? L’organisation des recueils en 1935 166
La composition des recueils 167
La Nuit remue 167
Mes propriétés 169
Pragmatiques de Michaux 172
Un manuel d’observation 172
Expériences d’étrangeté 174
Apologues et morales 176
Le risque du solipsisme 178
Postures et lignes de fuite : “soi-même comme un autre” 180
L’identité polyphonique : le.s Moi.s 181
Un corps anormal 184
Une lutte constante 186
Le corps isolé 188
Deux exemples : Emme et la Parpue 190
Rhétorique de la sincérité et éloignement discursif 192
• Une langue prosaïque 193
• L’humour 194
L’ethos d’humilité 196
Le lyrisme désespéré 197
Détruire, construire : une recherche d’équilibre 198
Étude thématique 201
Le récit bref 201
Récit / poésie : questions de genre 201
La poésie : une fonction 201
Le récit : un support 203
Le récit : un outil critique 205
Récit de rêve, récit onirique : Michaux surréaliste ? 207
L’œuvre, ses propriétés, sa valeur 208
Michaux dans le champ littéraire : une avant-garde chez les esthètes ? 208
Une thérapeutique littéraire 210
“Se mettre dans la peau des autres” 212
La métaphore au service des “plissements de l’existence” (Alain Ménil) 214
La Représentation littéraire 217
Rendre matériel l’abstrait 217
Rendre le mouvement 218
Une écriture picturale 221
Apprendre à voir ? 222
BIBLIOGRAPHIE 225
La Fontaine 225
Maupassant 226
Sarraute 228
Michaux 229
Glossaire 231
FLORILÈGE DE CITATIONS 237
La Fontaine 237
Maupassant 240
Sarraute 249
Michaux 251
Chantal Quillet est agrégée de Lettres classiques, docteur en Littérature française, spécialiste de la littérature du XVIIe siècle, en particulier des correspondances au sein du parti dévot, auxquelles elle a consacré plusieurs articles. Elle enseigne actuellement au lycée Blomet à Paris en classes préparatoires littéraires. Dans cet ouvrage, elle a rédigé la partie consacrée aux Fables (La Fontaine).
Alina Nastase Gonzalez, actuellement ATER à l’ESPE de Caen, est docteur en Littérature, professeur certifiée de Lettres modernes à Poitiers et formatrice académique Lettres et numérique ainsi que l’auteur d’une thèse intitulée “L’institutionnalisation d’Émile Zola dans les manuels scolaires de lycée au XXe siècle. Étude de réception”. Elle a rédigé dans le présent volume la partie consacrée à La Maison Tellier (Maupassant).
Ancien élève de l’ENS de Lyon, agrégé de Lettres modernes, Yannick Balant enseigne dans le secondaire. Ses recherches portent sur divers auteurs : Neil Gaiman, Hédi Kaddour, Victor Hugo et Pierre Bergounioux. Dans le présent volume, il a rédigé la partie consacrée à Tropismes (Sarraute).
Édouard Bourdelle, agrégé de Lettres modernes, diplômé de l’École normale supérieure (Ulm), doctorant en Littérature, est professeur de français dans un lycée technologique à Dieppe. Dans cet ouvrage, il a rédigé la partie consacrée à La Nuit remue (Michaux).
Le récit bref : une longue histoire
Le récit bref est d’abord attesté par l’existence du genre très ancien du conte : le premier texte que nous ayons est un conte égyptien du XIIIe siècle av. J.-C., Les Deux Frères. Au IIe siècle apr. J.-C., Apulée dans Les Métamorphoses enchâsse à l’intérieur du récit, au livre VI, l’histoire d’Amour et Psychè qui allie les modalités de la féerie traditionnelle et des éléments du réalisme le plus familier à destination d’un public lettré, adepte de variété et de mélange de registres. Elle sera reprise par La Fontaine dans un récit en prose mêlée de vers, Les Amours de Psychè et de Cupidon, paru en 1669. Au Moyen Âge, le récit bref reprend et fixe une longue tradition orale dans quatre genres versifiés : les lais, originellement des chants lyriques mais qui accueillent la narration, les fabliaux souvent d’un réalisme très cru, les isopets (tirés du corpus ésopique) qui mettent en scène des animaux, enfin les contes pieux en latin, procédant souvent d’exemples pour illustrer les récits des prédicateurs.
La nouvelle fait son apparition au xive siècle et se présente à l’origine comme une manière de fabliau en prose traitant d’un sujet limité et plaisant : le Décaméron (1350-1353) de Boccace, recueil de récits de tons et de styles variés mais unifié par une histoire-cadre, élargit les ressources du genre et est repris en France à travers le recueil des Cent Nouvelles nouvelles, offert au duc de Bourgogne en 1462. Si cette forme connaît deux visages opposés – sérieux ou plaisant –, elle prend une orientation nouvelle avec la publication par Cervantès en 1613 des Nouvelles exemplaires, dont le titre indique l’exploitation de la relation entre nouvelle et exemplum. Cet ouvrage influence fortement la nouvelle française sur le fond, par le choix d’un sujet de caractère sérieux avec des personnages non nobles et sur la technique par l’adoption du début de l’histoire in medias res* et une intrigue à péripéties. Au XVIIe siècle, son succès est considérable avec les Nouvelles françaises de Segrais, celles de Madeleine de Scudéry qui abandonne l’écriture des grands romans héroïques et l’écriture par Madame de Lafayette de La Princesse de Clèves, définie en son temps comme “une nouvelle galante”. Les termes de conte et de nouvelle acquièrent ainsi peu à peu leur spécificité : le premier, exprimant une tradition orale multiséculaire raconte des événements imaginaires se passant le plus souvent dans un monde merveilleux et porte le plus souvent une réflexion morale tandis que le second désigne un récit fictif bref, relatant un fait remarquable et vraisemblable, si ce n’est vrai. Le conte semble ainsi se caractériser fondamentalement par le trait non thétique, c’est-à-dire ne posant pas la réalité de ce qui est raconté. La Fontaine, en rajoutant dans sa deuxième édition de 1665 le terme de Contes à celui de Nouvelles prend ainsi acte de cette distinction. P. Dandrey montre ainsi comment l’élaboration du récit dans la fable a été contaminée par l’écriture des contes : dès le début de sa préface, La Fontaine assimile les deux mots en prônant la nécessité de “la brièveté, qu’on peut fort bien appeler l’âme du conte, puisque sans elle il faut nécessairement qu’elle languisse” (Préface, p. 36). Ce qui, appliqué à la fable, nécessairement plus brève que le conte, désigne surtout la continuité narrative de l’histoire qui doit conduire par l’unité resserrée de l’action à comprendre et à interpréter la moralité : le récit a donc pour fonction d’ajouter les circonstances et les couleurs qui permettent d’infuser par avance dans l’esprit du lecteur l’idée que suggère la moralité sans l’épuiser.