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Francisco de Quevedo, Los sueños

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par Caroline Lyvet

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Traitant d’un des sujets 2023 et 2024 de l’agrégation externe d’Espagnol, cet ouvrage propose tout ce dont le candidat a besoin pour passer les épreuves.

Comme tous les Clefs-concours, l’ouvrage est structuré en trois parties :

  • -  Repères : le contexte historique et artistique;

  • -  Problématiques : comprendre les enjeux du programme;

  • -  Outils : pour retrouver rapidement une définition, une idée ou une référence.

Fiche technique

Référence
460823
ISBN
9782350308234
Hauteur :
17,8 cm
Largeur :
12 cm
Nombre de pages :
360
Reliure :
broché

Introduction    11


Repères


L’Espagne des années 1600-1640
Vers une politique extérieure active et coûteuse    21
Un épuisement financier et démographique    23
Crispations et recompositions sociopolitiques    27
Encadrement et contrôle des mentalités    42

Quevedo, observateur et acteur privilégié de la société
de son temps
Enfance, formation et culture    52
Quevedo et le monde courtisan    58
Les années italiennes au service du duc d’Osuna    63
Le tourbillon éditorial des années 1620-1630    64
Dans l’orbite mouvante d’Olivares    66

Une littérature florissante dans les premières décennies
du xviie siècle
Contours de l’esthétique baroque    73
Déclin et essor de la prose de fiction, apogée du théâtre    83
L’explosion du conceptisme    91
La conception de satire au xviie siècle    96

PROBLÉMATIQUES
L’aventure des Sueños, de l’écriture aux publications
Histoire scripturaire des Sueños : une construction progressive marquée par l’autocensure    115
Les éditions des Sueños : entre réécritures et censure    123
L’édition princeps des Sueños (Barcelone, 1627)    123
Desvelos Soñolientos, une version particulière de l’œuvre (Saragosse, 1627)    129
Faire du neuf avec du vieux : Sueños y discursos o desvelos soñolientos (Barcelone, 1628)    137
Une nouvelle édition stratégique sous la pression de la censure Juguetes de la Niñez y Travesuras del Ingenio (Madrid, 1631)    139

Une satire novatrice à la croisée de différentes influences
Quelles influences génériques pour les Sueños ?    153
Le modèle du somnium littéraire    154
Les Sueños et les récits de visions    164
L’importance de la composante dialogale    167
Une forte dimension théâtrale    170
L’influence des Danses Macabres    175
Les Sueños, une satire ménippée    177
L’énonciation dans les Sueños, au-delà de l’héritage satirique    183
Un narrateur double de l’auteur    183
Un diable énonciateur    196
La figure allégorique de Desengaño    200
Les créatures des Sueños, entre tradition et modernité    202
Les métiers manuels, les marchands    205
Les médecins morticoles et leurs acolytes    208
Les gens de justice    211
Armes et lettres    214
Religieux et croyants condamnables    215
Nobles et faux-nobles    218
Femmes et maris trompés    220
Les représentants de conduites peccamineuses    225
Des figures plus originales    226
L’outre-tombe et sa représentation dans les Sueños    231
Le monde des Sueños : un univers chaotique et désordonné ?    238


Une écriture éblouissante pour le plaisir du lecteur
Des caricatures grotesques    244
La dimension visuelle des Sueños    261
La dégradation scatologique    267
Une écriture ingénieuse à déchiffrer et à parcourir    270
Des connexions inattendues    271
Les jeux avec la matérialité du signifiant    280

Les burlas, au service de la démystification
Une satire sociale et politique    292
Le pouvoir diabolique de l’argent    293
Une justice défaillante et corrompue    297
Une noblesse sans vertu    301
L’obsession de la negra honra    303
Les Sueños, réaction contre la mobilité sociale ?    305
Quelques éléments de satire politique    308
Une satire morale aux accents néostoïciens    310
Mensonges, manipulations verbales et langage sclérosé    320


OUTILS


Approche par axes des trois premiers Sueños (CAPES)
Rencontres avec d’autres cultures
(thème du cycle 4 du collège)    332
Fictions et réalités    334
Art et pouvoir    337
Voyages et exils    339

Textes liminaires :fiches récapitulatives
Sueños y discursos de verdades descubridoras de abusos, vicios
y engaños, en todos los oficios y estados del mundo    341
Juguetes de la niñez y travesuras del ingenio    343
Desvelos soñolientos y verdades soñadas    344

Les créatures des Sueños, entre tradition et modernité : tableaux des occurrences principales    345

Bibliographie    350

Caroline Lyvet est hispaniste, spécialiste en littérature espagnole du Siècle d’or (xvie-xviie siècles). Elle est maîtresse de conférences à l’Université d’Artois et membre du laboratoire Textes et Cultures de cette université. Ses travaux portent sur la fiction en prose auriséculaire
ainsi que sur la représentation du Siècle d’or espagnol dans le roman historique contemporain. En 2022, elle a co-organisé le XIe Congrès de la Société des Hispanistes Français, “La nuit dans le monde ibérique et ibéro-américain”.

Quevedo fut dès sa naissance, le 14 septembre 1580, proche du pouvoir. Cette proximité est à la fois physique et figurée car les grands-parents maternels de Quevedo servaient la famille royale à la Cour, occupant des postes bien définis dans un système à la hiérarchie complexe et au cérémonial dicté par des règles strictes, suivant l’étiquette austère et rigide héritée de la Cour de Bourgogne que Charles Quint avait importée en Espagne. Ils travaillent au Palais, alors à la fois lieu d’exercice du pouvoir, où se réunissaient les Consejos, mais aussi lieu de résidence du souverain. La grand-mère de l’auteur, Felipa de Espinosa, fut azafata de la reine Anne d’Autriche avant de servir les infants : assistant sa dame d’atour, elle s’occupait de la garde-robe de la souveraine, l’aidait à se vêtir et était de la sorte au plus près de son intimité. Cette forte femme, à la religiosité exemplaire, joua un rôle déterminant dans la consolidation des positions obtenues par sa famille, œuvrant notamment à la nomination de sa descendance, et des parents de l’écrivain en particulier, à des charges au Palais. Elle intervint aussi en faveur de l’accès de son petit-fils à une éducation solide et normalement inaccessible aux personnes de son rang, grâce à des faveurs consolidées au moment de l’arrivée au pouvoir du duc de Lerma, temps de changements favorables à tout le clan Quevedo. Quant au grand-père maternel, Juan Gómez de Santibáñez, il fut secrétaire de Philippe II et bénéficia de sa confiance pour des missions diplomatiques, marques de reconnaissance et d’appréciation que l’écrivain mettra régulièrement en avant. Le père de Quevedo, Pedro Gómez de Quevedo, était lui aussi au service du Roi prudent en tant qu’escribano de cámara : comme son beau-père qui occupa ce poste à la fin de sa vie, il fut en charge de l’inventaire des objets de la cámara du roi, en lien étroit avec d’autres serviteurs et les professions qui fournissaient la garde-robe du monarque, tailleurs et marchands en particulier, si souvent la cible de la satire acerbe de Quevedo. Il veilla aussi sur les allées et venues qui se produisaient dans les appartements du monarque, jusqu’à sa mort prématurée en 1586. La mère du futur écrivain, María de Santibáñez, était, elle, asistenta de cámara, c’est-à-dire dame d’honneur de la reine Anne, avant de se voir promue dueña de retrete ou gouvernante de la reine Marguerite d’Autriche en 1599, à la faveur de l’influence nouvelle de Lerma. Ses parents étaient donc proches du monarque mais dans une juste distance, comme d’autres familles de la Montaña (les Velasco, les Espinosa) auxquelles la famille de l’écrivain fut particulièrement liée et qui avaient la mainmise sur la plupart des postes de service plutôt modestes qu’ils exerçaient dans l’entourage proche du monarque. Quevedo avait de ce fait accès aux espaces du Palais réservés à la domesticité royale. Il fut éduqué à la Cour, “atisbando desde su niñez –y no es una metáfora– lo que ocurría en aquel torbellino: contemplando cómo
se movía la máquina desde adentro” [Jauralde, 1998, p. 29]. Ces spectacles et ces observations marquèrent le jeune Quevedo et contribuèrent probablement à son désir de participer intensément aux affaires publiques de son temps qui allait conditionner une grande partie de ses écrits politiques et même fictionnels. Et ce, tout autant que ses origines nobles et que cette vive conscience d’appartenir à une famille que sa position et sa fonction plaçaient entre deux mondes : la haute noblesse, qui exerçait son pouvoir sur la Cour, et le monde urbain et marchand, qui vivait en contact étroit avec le Palais Royal mais en était exclu.