Khâgnes 2021
Du Bellay, Les Regrets ; Racine, Bérénice ; Verlaine, Poèmes saturniens ; Duras, Le ravissement de Lol V. Stein
Le lyrisme, l’œuvre littéraire et l’auteur, littérature et morale
par Ellen Delvallée, Yasmine Loraud, Caroline Crépiat et Julie Chalvignac
France met. & monde : 3€ jusqu'à 25€, 6€ jusqu'à 50€, 9€ jusqu'à 100€, 12€ au-delà 100€ DOM-TOM : 8€
LA référence des CPGE littéraires
Fiche technique
- Référence
- 460690
- ISBN
- 9782350306902
- Hauteur :
- 17,8 cm
- Largeur :
- 12 cm
- Nombre de pages :
- 352
- Reliure :
- broché
INTRODUCTION
LES REGRETS DE DU BELLAY
Étude analytique
Étude thématique
BÉRÉNICE DE RACINE
Étude analytique
Étude thématique
POÈMES SATURNIENS – ROMANCES SANS PAROLES
DE VERLAINE
Étude analytique
Étude thématique
LE RAVISSEMENT DE LOL V. STEIN DE MARGUERITE DURAS
Étude analytique
Étude thématique
OUTILS
Bibliographie
Glossaire
Florilège de citations
Ellen Delvallée est agrégée de Lettres modernes. Elle est chargée de recherche au CNRS, à l'UMR Litt&Arts de l'Université Grenoble Alpes.
Yasmine Loraud, agrégée de Lettres modernes, prépare un doctorat de littérature française à l'Université Paris-Sorbonne.
Caroline Crépiat a consacré une thèse à la question du sujet lyrique dans la poésie. Ses travaux portent sur les rapports entre presse et littérature, le rire, la femme auteure et la thématique du corps.
Julie Chalvignac, agrégée de Lettres modernes, enseigne en Hypokhâgne et Khâgne au lycée Gustave Monod d'Enghien-les-Bains.
La mélancolie chez Verlaine est pourtant constamment mise à distance
par le rire, ce qui tend à bouleverser l’attente lyrique. D’ailleurs, l’une ne
semble pas aller sans l’autre : le syntagme “rit et pleure” revient de manière
récurrente dans Poèmes saturniens. Rires et larmes se mêlent et se superposent
au chant pour mieux le faire détonner. Le fameux “Je riz en pleurs”
de François Villon (“Ballade du concours de Blois”, 1458) semble résonner
tel un hypotexte lointain ; et pour cause : c’est par le rire aussi que Verlaine
fait entendre les contradictions du “je”. Jugé “ridicule autant que décevant”,
dès la dédicace de Poèmes saturniens, le rire ne peut qu’apparaître de
manière oblique, en négatif. Pourtant, simultanément, le pléonasme
(“le rire est ridicule”) alerte quant à l’ironie du propos portant sur le rire.
Cette juxtaposition des formes du rire se lit également dans les quatre
premiers vers de “Jésuitisme”, précisément pour dire le tourment du sujet :
“ironi[e]”, “sarcasme”, “amusant”, “faux sourire” sont autant de moyens
utilisés pour torturer ce dernier. Par cet écart stylistique, Verlaine laisse
entendre simultanément deux discours. Car si le rire en tant que catégorie
est “ridicule”, l’ironie, quoique “vieille” (“L’Angoisse”), est le procédé
qu’il privilégie – il le cite d’ailleurs quatre fois au fil du recueil. Il avance
simultanément, et ce plus ou moins implicitement, deux arguments inverses
comme recevables. Ainsi, d’une part, le rire tel qu’il est pratiqué se
constitue comme l’alternative aux pleurs et au pathétique romantiques dont
Verlaine et le Parnasse ne veulent plus. Il sert à provoquer, à railler, à mettre
en avant une posture oppositionnelle :
Je ris de l’Art, je ris de l’Homme aussi, des chants,
Des vers, des temples grecs et des tours en spirales
(“L’angoisse”)
Dans ce poème, le “je” se rit des motifs poétiques traditionnels qu’il
rejette les uns après les autres : la Nature – comme l’a fait Baudelaire avant
lui –, la religion et l’amour. Cependant, cette adhésion revendiquée à
l’esthétique prônée par le Parnasse est elle-même raillée, en particulier dans
le “Prologue”, l’“Épilogue” ou encore “Çavitrî”, ces textes censés détailler
et exalter un tel parti pris de l’écriture. L’ironie advient du fait de la discordance
entre l’énoncé et l’énonciation qui montre du doigt cet énoncé.