De la démocratie en Amérique
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De la démocratie en Amérique

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Politique et société aux États-Unis, 1824-1848

Par Auréliane Narvaez, Nathalie Caron, Augustin HabranMarie-Jeanne Rossignol, Michaël Roy   

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Traitant d’un des sujets 2022 de l'agrégation externe d’Anglais, cet ouvrage propose tout ce dont le candidat a besoin pour passer les épreuves.

Comme tous les Clefs-concours Anglais-civilisation, l’ouvrage est structuré en cinq parties :

-Introduction;
-Historiographie;
-Repères sur le contexte historique et culturel;
-Thèmes qui structurent le sujet;
-Outils (documents, sources, bibliographie, chronologie, personnages, glossaire, index).

Fiche technique

Référence
460761
ISBN
9782350307619
Hauteur :
17,8 cm
Largeur :
12 cm
Nombre de pages :
354
Reliure :
broché

Introduction

Historiographie

Une démocratie en formation (1812-1824)

Nation, nationalisme et expansionnisme

La démocratie à l'épreuve du populisme

Repenser la société : dynamiques ascendantes de démocratisation (1824-1848)

Contre l'esclavage: résistances, mobilisations, radicalisme

Utopies et expérimentations spirituelles

La jeune république après Jackson : Héritages et limites d'une démocratie imparfaite (1837-1848)

La présidence de Martin Van Buren (1837-1841)

Le parti whig au pouvoir (1841-1845)

La présidence Polk au rythme de l'impérialisme territorial

Thématiques

Esclavage, antiesclavagisme et politique

A democracy in name only ?

La situation des femmes à l'heure du Common Man

Démocratie américaine et religion

S'adapter ou périr : l'indianité menacée sous le feu des politiques jacksoniennes

Henry Clay : une vision concurrente de la démocratie

Outils

Tableaux et statistiques

Chronologie

Sources

Bibliographies

Biographies

Glossaire

Auréliane Narvaez est maîtresse de conférences en histoire des États-Unis et études nord-américaines à l’université Paris Nanterre. Spécialiste du XIXe siècle, elle est l’auteure d’une thèse de doctorat consacrée aux rémanences et métamorphoses de la pensée déiste entre 1794 et 1887. Ses recherches portent sur l’histoire de la libre- pensée, des formes de spiritualité non-théologiques ainsi que des mouvements sociaux et communautaires avec un intérêt particulier pour l'histoire des femmes libres penseuses et réformatrices. Elle a dirigé le présent volume et rédigé les chapitres introductifs, les parties Repères et Outils ainsi que le chapitre thématique “A democracy in name only? La situation des femmes à l’heure du common man”.

Nathalie Caron est professeure de civilisation américaine et d’histoire des États-Unis à Sorbonne Université, département d’études anglophones. Elle codirige l’axe Questions religieuses dans le cadre du laboratoire Histoire et dynamique des espaces anglophones (HDEA). Sa recherche porte sur l’histoire du sécularisme ainsi que sur les liens entre religion, mouvements sociaux et politique, plus particulièrement dans les jeunes États-Unis. Elle a édité, avec Élise Marienstras, le livre posthume de Naomi Wulf, Une autre démocratie en Amérique : Orestes Brownson, un regard politique (1824-1844), paru en 2017 aux PUPS. Dans le présent volume, elle a rédigé le chapitre thématique “Démocratie américaine et religion”.

Augustin Habran est maître de conférences en histoire et civilisations des États-Unis à l’université d’Orléans. Il est spécialiste en études amérindiennes. Ses recherches se concentrent sur la période de la jeune République des États-Unis à l’université d’Orléans. Il est spécialiste en études amérindiennes. Ses recherches se concentrent sur la période de la jeune République des États-Unis, et notamment sur la relation entre l’État fédéral et les nations autochtones. Son travail tente de mettre en évidence les stratégies de résistance développées par les communautés indiennes dans le cadre de la colonisation et de l’expansion américaine. Il travaille en ce moment en vue de la publication d’un ouvrage issu de sa thèse intitulée “Les nations indiennes du Sud-Est des États-Unis (1815-1861): identité, souveraineté et stratégie mimétique à l’épreuve du déplacement”. Dans le présent volume, il a rédigé le chapitre thématique “S’adapter ou périr : l’indianité menacée sous le feu des politiques jacksoniennes”.

Marie-Jeanne Rossignol est professeure d’études américaines et l’auteur de Ferment Nationaliste : aux origines de la politique extérieure des États-Unis 1789-1812 (Paris, Belin, 1994, traduit en anglais en 2003). Spécialiste de l’histoire de l’antiesclavagisme, elle publie en 2022 dans la collection CIRESC Karthala: Noirs et Blancs contre l’esclavage, une alliance ambiguë aux États-Unis, 1754-1830. Avec Claire Parfait, elle est la co-directrice de la collection “Récits d’esclaves” aux PURH. Dans le présent volume, elle a rédigé la fiche sur “Le parti whig au pouvoir” et le chapitre thématique “Henry Clay : une vision concurrente de la démocratie”.

Michaël Roy est maître de conférences en études nord-américaines et membre junior de l’Institut universitaire de France. Il est l’auteur de Textes fugitifs. Le récit d’esclave au prisme de l’histoire du livre (ENS Éditions, 2017) et De l’antiesclavagisme à l’abolition de l’esclavage. États-Unis, 1776-1865 (Atlande, 2018). Il a dirigé Frederick Douglass in Context (Cambridge University Press, 2021). Dans le présent volume, il a rédigé la fiche “Contre l’esclavage: résistances, mobilisations, radicalisme” et le chapitre thématique “Esclavage, antiesclavagisme et politique”.

UNE DÉMOCRATIE EN CLAIR-OBSCUR

Never was there a country in which a demagogue had less in his power than in this. The citizen here learns to think for himself. His very pride as a sovereign revolts from a blind surrender of his judgment to those who may be willing to set up as his teachers. He looks to facts; considers the conduct of his public functionaries, and pronounces accordingly. Sedition here may safely ring her larum; no man regards it. The eyes of the people are fixed upon the wheel of government; and so long as it moves fairly and steadily, the servants that guide it are supported by the national suffrage.

A l’orée des années 1820, Frances Wright esquisse le portrait apologétique d’une jeune République américaine dotée de robustes freins et contrepoids populaires et institutionnels. Ce tableau, dressé par la jeune Britannique au cours de son premier séjour aux États-Unis, est celui d’une nation où la volonté des citoyens est souveraine et règle le pas des gouvernants, dont le pouvoir ne saurait s’exercer sans l’assentiment d’un peuple averti et vigilant. N’ayant à craindre ni la tutelle d’un despote démagogue, ni le gouvernement autoritaire d’une administration indifférente aux intérêts de sa population, l’Amérique que décrit Wright entre 1818 et 1820 semble une république vertueuse où souffle l’esprit de démocratie.

Une décennie plus tard, c’est en des termes bien moins élogieux que Wright, devenue citoyenne américaine en 1825, appréhende la société étatsunienne qu’elle qualifie de “citadel of human error” au bord d’une crise démocratique sans précédent [WRIGHT, 1829a, 8]. La jeune République du tournant des années 1830 est, en effet, bien différente de l’Amérique du début des années 1820. La fin de la guerre de 1812 contre le Royaume-Uni, l’effondrement du parti fédéraliste à la suite du traité de Gand (Treaty of ghent) en 1815 et le déclin concomitant du premier système de partis (First party system), que parachève l’accession à la Maison-Blanche du républicain-démocrate James Monroe, avaient pourtant ouvert une période d’optimisme adossé à une rhétorique nationaliste et non partisane. Cette période d’après-guerre (1815-1824) en apparence consensuelle (era of good Feelings) où les États-Unis tentent de consolider leur position en tant que puissance et nation indépendante porte cependant en germe les tensions économiques, les conflits latents et les inégalités structurelles qui se manifesteront bientôt au cours de la période dite jacksonienne (v. Repères: Une démocratie en formation (1812-1824): nation, nationalisme et expansionnisme). Les décennies 1820 à 1840 – communément associées à la personne d’Andrew Jackson*, septième président des États-Unis – font en effet apparaître une nation américaine encore incertaine quant au sens à donner au concept de démocratie. Au cours de ces années, la modernisation des pratiques politiques, l’élargissement du suffrage et les discours égalitaristes peinent à masquer des logiques parallèles d’exclusion et de domination reposant sur une conception in fine partiale et étriquée du fait démocratique. Tant admiré que décrié par ses contemporains, Jackson fut, lui aussi, une personnalité ambivalente; acteur déterminant de l’expansionnisme étatsunien et rempart salutaire contre les atteintes à l’intégrité de l’Union pour certains, il incarne pour d’autres une présidence autocratique, opérant au mépris des institutions législatives et judiciaires. Cette équivocité transparaît également dans l’historiographie: présenté dans certains ouvrages comme le défenseur de “l’homme du peuple” (the common man) contre les élites possédantes, Jackson fut surtout, selon d’autres historiens, un président au service des intérêts pro-esclavagistes et l’instigateur de politiques racistes, voire génocidaires envers les peuples autochtones