L’État contre les communistes
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L’État contre les communistes

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1938-1944

par Louis Poulhès.

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Et en lettre suivie pour la France métropolitaine !

Vichy a-t-il institué une chasse aux communistes ?

En fait, si le régime de Pétain l'a systématisé, elle a été mise en place par des gouvernements de la IIIe République finissante, issus du parlement qui avait porté au pouvoir le Front populaire! Après le pacte germano-soviétique de 1939, une répression inédite s'est en effet abattue, avec successivement interdiction de la presse, dissolution des organisations, internements administratifs, déchéance des élus, les militants risquant également la peine de mort à partir d'avril 1940.

L’ouvrage démontre une continuité troublante dans la lutte de l’État contre les communistes entre deux régimes qu’en apparence tout oppose. Réussissant le tour de force de proposer un texte digne d'un roman vrai, vivant et précis, tout en s'appuyant sur une documentation phénoménale, Louis Poulhès brosse le tableau surprenant des appareils répressifs, des innovations juridiques, des parcours personnels impliqués dans la lutte de l'État,tant républicain que vichyste, contre les communistes.

Fiche technique

Référence
460724
ISBN
9782350307244
Hauteur :
21 cm
Largeur :
15 cm
Nombre de pages :
822
Reliure :
broché

Liste des abréviations ..........................................................................16

Introduction ........................................................................................23

Avènement:

La fin de la Troisième République

Prémisses ................................................................................................35
Le ministère Daladier et la fin du Front Populaire........................36
Le parti communiste, une puissance récente .....................................41

Émergence .............................................................................................45

La répression anticommuniste avant la dissolution du PCF
août-septembre 1939..............................................................................46

La dissolution des organisations communistes ................................57

Le tournant stratégique du PCF .......................................................73

La mise en œuvre de la dissolution....................................................87

Développement ...................................................................................101

La répression contre les élus............................................................102

L’internement administratif..............................................................121

Le discours gouvernemental, Le PCF et la traque des militants
sous le gouvernement Daladier .......................................................141

Fonctionnaires et mobilisés ..............................................................164

Le devenir des biens ............................................................................184

Surenchère..........................................................................................193

Le gouvernement Reynaud et le PCF...............................................194

L’évacuation des détenus politiques en mai-juin 1940 ....................211

Partage
De l’installation des occupants à l’invasion de l’URSS

Flottements ........................................................................................231

Les débuts d’une négociation............................................................232

L’échec de la négociation..................................................................259

La ligne politique incertaine du PCF ..............................................278

Vichy et les “menées communistes”...................................................293

Reprise..................................................................................................317

La relance de la répression à l’automne 1940 ................................318

La répression anticommuniste à l’hiver 1940 et au printemps 1941.342

L’adaptation et la réorganisation du PCF ......................................365

Ébranlement

De l’invasion de l’URSS à la fin 1941

Radicalisation....................................................................................397

L’opération Théodoric : une mesure préventive .............................399
Une politique nouvelle du PCF........................................................411

La riposte des occupants ...................................................................420

La préparation d’une loi d’exception anticommuniste par vichy ....430

Vichy et
La légion des volontaires français contre le bolchevisme............435

exacerbation.......................................................................................441

Le PCF et la question de la lutte armée .........................................442

Vichy et les occupants entre législation d’exception,
premières exécutions d’otages et internements..............................445

Otages, tribunaux français, police française .................................470

Crise .....................................................................................................487

Les exécutions massives d’otages ......................................................488

La police française et l’action anticommuniste.............................514

Les premières réticences de Vichy sur les otages...........................531

Renouvellement

L’année 1942

Interrogations ...................................................................................547

Permanence et diversification de la répression allemande .........548

Vichy, les otages et l’efficacité de la répression française ..........576

Redéfinition........................................................................................603

Le renouvellement des équipes dirigeantes
Et les accords Bousquet-Oberg.........................................................604

Le gouvernement Laval ................................................................................604

La fin de la politique des otages et la répression allemande ......622

Une répression française toujours plus efficace ...........................644

Vers la fin

De l’occupation de l’ensemble du territoire à la libération 1943-1944

Terreur................................................................................................685

L’année 1943 : une répression qui s’exacerbe...................................686

Du début 1944 à la libération : terreur répressive et soumission
totale À l’occupant............................................................................712

Conclusion..........................................................................................737

Annexes.............................................................................................751

Les organisations communistes dissoutes dans la seine ...............753
Organisations nationales ou parisiennes.....................................................753

Les détenus de la prison de la santé et de la petite roquette
(septembre 1939-juin 1940)..................................................................759
Les détenus de la prison de la Santé (2 septembre 1939-10 juin 1940) .....759
Les détenus à la prison de la Santé pour raisons politiques*
(1er octobre 1939-11 juin 1940)...................................................................760
Part des entrées “politiques” dans l’ensemble des entrées à la Santé *
(1er octobre 1939-11 juin 1940)...................................................................761
Les détenues à la Petite roquette pour raisons “politiques” *
(1er septembre 1939-11 juin 1940) ..............................................................762
Les libérations par les autorités allemandes à Fresnes
En juin-juillet 1940..............................................................................763

Propagande ALLEMANDE juin 1940......................................................764

Le camp d’Aincourt.............................................................................766
Aincourt,.......................................................................................................766
Vue aérienne des trois pavillons de l’ancien sanatorium............................766
L’entrée du camp d’Aincourt (hiver 1940-1941)..........................................766

La répression anticommuniste française dans la seine
et la Seine-et-Oise (octobre 1940-décembre 1942)...........................767
La répression anticommuniste dans la Seine
(octobre-décembre 1940)(nombre de personnes arrêtées).........................767
La répression anticommuniste dans la Seine (janvier-juin 1941) ..............767
Les internés au camp d’Aincourt (janvier-juin 1941) .................................768
La répression anticommuniste dans la Seine au second semestre 1941....768
La répression anticommuniste en Seine-et-Oise
juillet au second semestre 1941....................................................................769
Les internements de communistes dans la Seine
(janvier 1942-août 1942)...............................................................................769
Répression anticommuniste dans la Seine
(janvier 1942-décembre 1942)......................................................................770
Répression anticommuniste en Seine-et-Oise (janvier 1942-juin 1942) ...771

 

Principales chutes dans la seine
(automne 1940-printemps 1941) .........................................................772

L’organisation Du PCF en région parisienne après mars 1941 ......774

Les opérations conjointes des polices allemandes et françaises
(août 1941-octobre 1941)...................................................................776

La préfecture de police : préfets et directeurs ;
RG en fin octobre 1941......................................................................778
Préfets et directeurs à la préfecture de police* ............................................778
Les RG de la préfecture de police fin octobre 1941....................................778

Les exécutions d’otages Au premier semestre 1942 .........................779
Exécutions en janvier et février 1942...........................................................779
Exécutions en mars et avril 1942 .................................................................779
Exécutions en mai 1942................................................................................781

Répression allemande en 1942 ..........................................................782
Les fusillés au stand de tir (Paris 15e arrondissement) en 1942.................782
Les internés de Royallieu en 1942 ...............................................................783

Détenus communistes dans les prisons françaises
Début janvier 1942 (par circonscriptions pénitentiaires)...............784

Les condamnés pour menées communistes, anarchistes terroristes
ou subversives dans les prisons sous autorité française
(mi-juillet 1943) ...................................................................................785
Zone nord .....................................................................................................785
Zone sud .......................................................................................................786

LA répression allemande en 1943......................................................787
La répression allemande en 1943 : vue d’ensemble ....................................787
Les convois massifs du second semestre de 1943 (Buchenwald-Dora) ......788

La répression allemande janvier-août 1944 : vue d’ensemble ....................788
L’opération Meerschaum (1er semestre 1943).............................................788
Les convois massifs au départ de Compiègne,
de janvier au début juin 1944 ......................................................................789
Les convois massifs au départ de Compiègne, juin-juillet 1944 ................789

Estimation des exécutions judiciaires allemandes en 1942, 1943
et 1944 (méthodologie)......................................................................790

Portraits photographiques................................................................792

Liste des abréviations .........................................................................798

Sources .................................................................................................800

Bibliographie .......................................................................................801

Index ..................................................................................................811

Louis Poulhès est ancien élève de l'ENA, agrégé et docteur en Histoire (l'ouvrage est issu de sa thèse de doctorat). Il a publié chez Atlande en 2019: Un camp d'internement en plein Paris : les Tourelles 1940-1945.

Le discours gouvernemental, le PCF et la traque des militants sous le gouvernement Daladier

La thématique du parti de l’étranger constitue depuis l’origine du PCF le fondement principal de l’anticommunisme le plus ordinaire. Cette base permet au gouvernement, à partir du pacte germano-soviétique et plus encore de l’entrée en guerre contre l’Allemagne nazie de développer le thème de la trahison qui en constitue l’exacerbation pour stigmatiser les communistes. La dénonciation de la guerre impérialiste dans laquelle s’engage le parti principalement à partir de novembre 1939 lui facilite la tâche. Très affaibli par la démission ou la dispersion de ses militants, le PCF peine à maintenir une organisation clandestine, il réussit néanmoins à conserver une activité de propagande non négligeable, notamment par la publication de son journal grâce à des moyens artisanaux, la répression par l’emprisonnement ou l’internement des militants ne parvenant pas à mettre fin à son activité.

Recension parue dans Non Fiction, le 30 août 2021

Rédigée par Louis Poulhès

Déjà l’objet d’une riche historiographie, l’attitude du PCF au cours des années 1938-1944 fait l’objet d’une nouvelle étude.

Louis Poulhès, déjà auteur d’un travail fouillé sur les Tourelles, un camp d’internement en plein Paris, publie aujourd’hui sa thèse sur la répression contre les communistes entre 1938 et 1944. L’ouvrage repose sur le dépouillement des archives nationales, de plusieurs archives départementales, de celles de la Préfecture de police de Paris et d’une partie des archives de la Commission centrale de contrôle du PCF. Il est enrichi de tableaux annexes comme les listes de fusillés, le nombre de détenus dans les prisons à différentes périodes ou la reconstitution de l’organisation interne du PCF en région parisienne.

 

Continuité et ruptures 1938-1940

On pourrait légitimement reprocher à l’auteur d’avoir établi une continuité entre la répression contre les communistes sous la Troisième République et celle sous le régime de Vichy. Il reprend en cela les arguments traditionnels de la propagande communiste qui a longtemps cherché à noyer son soutien au pacte germano-soviétique de 1939 dans une posture victimaire globalisante. Ce n’est pas parce que les deux régimes sont hostiles au communisme que leur nature est la même. Dans le premier cas, la République se défend contre ce qu’elle considère être un agent au service de l’étranger alors que, dans le second, le régime vichyste a étendu la répression à toutes les forces qui lui étaient hostiles. En deuxième lieu, la nature de la répression n’est pas la même, même si la première a facilité la seconde. 

Cette remarque effectuée, l’ouvrage est important pour son analyse des formes de la répression, du nombre de personnes réprimées et de la périodisation sous le régime de Vichy. Chaque chapitre est augmenté d’un tableau chronologique synoptique rappelant les événements intérieurs, extérieurs et ceux du PCF.

La première partie se concentre sur la politique anticommuniste de la Troisième République de 1938 à 1940. Elle porte sur la question de l’action du gouvernement contre les communistes. La grève du 30 novembre 1938 entraîne 1 731 poursuites judiciaires dont 806 condamnations à des peines de prison ferme, 103 étant supérieures à deux mois d’incarcération. Les administrations publiques frappent également leurs agents. Dans les deux cas, les communistes ne sont pas les seuls touchés puisque socialistes de gauche, anarchistes, syndicalistes révolutionnaires sont aussi touchés.

Mais c’est le pacte germano-soviétique qui amène à la dissolution du PCF et à une vague d’arrestations sans précédent. Les décrets de l’été 1939, puis la déclaration de guerre et ses conséquences facilitent la répression au motif juridique de l’intelligence avec l’ennemi. Le PCF répond, comme tous les PC, par des déclarations pacifistes et défaitistes révolutionnaires. L’ensemble des organisations contrôlées par le Parti sont suspendues. Dans les organisations non communistes comme la centrale syndicale, la CGT, ou sportive comme la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), les communistes sont également obligés de se démettre ou de se soumettre. Au total, près de 1 300 groupes locaux sont dissous. De même, les édiles sont déchus dans une proportion des trois quarts – ce qui affine les chiffres retenus par l’historiographie – un quart renonce alors au communisme. Enfin, plus de 3 000 militants sont internés, au moins temporairement.

L’invasion allemande modifie les choses, certains prisonniers s’évadent lors de l’arrivée des troupes, d’autres sont libérés par les Allemands lors de leur arrivée.

La phase qui s’écoule entre le 10 juin et le 14 juillet 1940 ouvre une période de flottement. Les autorités françaises veulent maintenir la répression anticommuniste alors que l’occupant souhaite au contraire associer le plus possible les communistes. Il faut la rupture des relations entre les représentants du PCF et la Kommandantur, le 13 juillet 1940, puis surtout le 5 août 1940 pour que les responsables politiques français reprennent une politique répressive avec, cette fois, l’accord des autorités allemandes. Elle consiste principalement en des internements dans des camps de prisonniers à la suite à d’actions publiques des militants.

L’invasion de l’URSS et le passage du PCF à la lutte armée entraînent la transformation de la répression.

 

La violence nazie

La deuxième partie porte sur le second semestre de l’année 1941 lorsque les autorités française et allemande se lancent dans une politique répressive qui va crescendo. Elle commence par des réponses graduées et ponctuelles aux différentes actions armées des résistants communistes comme l’exécution des deux militants Henri Gautherot et Samuel Tyszelman en réponse aux attentats du métro Barbès, le 21 août 1941. Elle passe à une nouvelle étape lors des attentats de Nantes et de Bordeaux les 21 et 22 octobre 1941. Le mois d’octobre marque un tournant, les exécutions d’otages deviennent alors massives. En effet, depuis la rupture du pacte germano-soviétique, le PCF s’est lancé difficilement, en raison du manque d’effectifs voire de volontaires – mais aussi et peut être surtout de matériel –, dans l’action armée. Cet aspect le plus spectaculaire est accompagné de la recrudescence d’actes de sabotage et plus encore de manifestations de rue. Ces différentes formes de résistance à l’occupation et à la collaboration donnent aux Allemands et à Vichy la possibilité de transformer l’arsenal répressif. À la demande du MBF – le commandement militaire allemand – les lois d’exception sont renforcées et des organismes ad hoc sont créés : des tribunaux d’exception, le 23 août 1941, et d’un corps police chargé de pourchasser les communistes le 1er septembre qui devient le 6 octobre le service de police anticommuniste.

Enfin, le troisième temps relève de la responsabilité des Allemands avec le code des otages et leurs exécutions massives à l’automne 1941. Son analyse de l’année 1942 montre la soumission des autorités de Vichy au diktat du commandement allemand. Elles livrent sans coup férir l’ensemble des otages réclamés qui ont été arrêtés, dans la majeure partie des cas, par la police française. Cette année marque elle aussi une évolution en trois phases : les exécutions sont importantes entre janvier et mai, puis suspendues jusqu’en juillet, avant de reprendre plus massivement encore jusqu’à la fin de l’année 1942. Les opérations répressives sont aussi rendues possibles par la difficulté qu’a le PCF et surtout ses militants à se fondre dans une parfaite clandestinité à se doter d’un appareil qui puisse mettre complètement les illégaux à l’abri, les exposant dans nombre de cas aux traques très efficaces des brigades spéciales. Les années 1943 et 1944 marquent un nouveau retournement, les exécutions ralentissent. Les déportations des politiques sont par contre massives. La mise en avant de la répression disparaît tant elle est impopulaire. Une nouvelle forme lui succède celle des opérations contre les maquis. L’Affiche rouge lors de l’arrestation et de l’exécution du  groupe Missak Manouchian en février 1944 marque la reprise des exécutions, même si l’opération de communication politique s’est retournée contre l’occupant.

 

Au total, Louis Poulhès offre une importante mise en perspective des formes de la répression, complétant en cela le renouvellement historiographique en cours.