

Par Aurélia Gaillard et Lauriane Maisonneuve.
France met. & monde : 3€ jusqu'à 25€, 6€ jusqu'à 50€, 9€ jusqu'à 100€, 12€ au-delà 100€ DOM-TOM : 8€
Traitant de l’œuvre du Grand Siècle au programme des agrégations externes et internes de Lettres classiques et de Lettres modernes, ainsi que du Capes de Lettres, l’ouvrage propose tous les éléments nécessaires à la réussite du candidat.
Comme tous les Clefs-concours de Lettres modernes, l’ouvrage est structuré en quatre parties :
-Repères : le contexte historique et littéraire;
-Problématiques : comprendre les enjeux de l'œuvre;
-Le travail du texte : questions de langue, de stylistique et de grammaire;
-Outils : pour retrouver rapidement une définition ou une référence.
Fiche technique
SOMMAIRE
INTRODUCTION ............................................9
REPÈRES
OUTILS D’ANALYSE DU CONTE MERVEILLEUX ....................17
LA NOTION DE CONTE TYPE ET LA CLASSIFICATION DES CONTES . . . . . . 17
LE MECCANO DU CONTE ....................................20
CONTE ET PSYCHANALYSE ..................................21
L’HISTOIRE DES CONTES ....................................23
CULTURE MONDAINE, CULTURE MODERNE .......................25
LECTURES BIOGRAPHIQUES ..................................26
ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES DE CHARLES PERRAULT ...............28
JANSÉNISME .............................................30
LAFRONDEETLESVERSBURLESQUES .........................31
LA CÉLÉBRATION ROYALE ...................................31
VERSAILLES ET LE ROYAUME DE FÉERIE ........................33
LA QUERELLE DES ANCIENS ET DES MODERNES,
DÉFINITION D’UNE CULTURE NATIONALE ........................35
LA PUBLICATION DES CONTES ................................39
LE “DOSSIER PERRAULT” ...................................42
LE GENRE DU CONTE DE FÉES LITTÉRAIRE À LA FIN DU XVIIe SIÈCLE ....................................45
CONTE, FABLE, HISTOIRE, ROMANCE, NOUVELLE :
UNE POLYSÉMIE ACTIVE ....................................45
FABLE ET CONTE : LE PACTE ALLÉGORIQUE ......................47
EX-CURSUS : LES NOTIONS DE FABULEUX, DE MERVEILLEUX,
DE “MERVEILLEUX VRAISEMBLABLE”
ET DE “VRAI”ET “FAUX”MERVEILLEUX ........................50
CONTES DES FÉES, CONTE DE FÉES :
LA FONDATION D’UN GENRE LITTÉRAIRE ........................51
THÉORISATION DU CONTE DE FÉES ............................55
LE CONTE (AU)FÉMININ ....................................57
LES RECUEILS D’AULNOY ET DE PERRAULT ......................59
CHOIX DE CORPUS ET MISE EN RECUEIL ........................59
TEXTES LIMINAIRES, TITRES ET ILLUSTRATIONS ...................65
EX-CURSUS : SOURCES FOLKLORIQUES OU LITTÉRAIRES
DES CONTES LITTÉRAIRES CLASSIQUES .........................73
INTERTEXTUALITÉS :
LA FONTAINE, D’AULNOY, PERRAULT ET LES AUTRES ..............74
PROBLÉMATIQUES
LES VOIX DES CONTES ......................................81
“L’HISTOIRE N’EN DIT POURTANT RIEN”:
HÉTÉROGÉNÉITÉ ÉNONCIATIVE ...............................81
LA VOIX DES NOURRICES ...................................84
LA LANGUE DES FÉES ......................................86
LE DON DE PAROLE : “LES FÉES”, “RIQUET À LA HOUPPE”
ET “LE RAMEAU D’OR” ....................................88
RÉCIT ET PAROLE .........................................95
AU PAYS DES MERVEILLES ...................................97
SURENCHÈRE ET DÉTOURNEMENT .............................98
MINIATURISATION ET GIGANTISME ...........................100
COULEURS .............................................103
MONDE ANIMÉ ET MÉTAMORPHOSES ..........................107
L’INQUIÉTANTE ÉTRANGETÉ DU MERVEILLEUX ..................112
ROMAN FAMILIAL .........................................115
FAMILLES DÉCOMPOSÉES, RECOMPOSÉES .......................115
FÉMININ/MASCULIN ......................................118
NOURRITURES, OGRES ET NOURRICES .........................125
MORALE, MORALITÉS .....................................133
POLARISATION ..........................................134
MORALITÉS ............................................135
TRAVAIL DU TEXTE
LEXICOLOGIE ............................................143
MOTS SIMPLES ..........................................145
Mots hérités ..........................................145
Mots empruntés .......................................148
•Au latin ou au grec .........................................148
•À une langue étrangère ......................................152
MOTS CONSTRUITS .......................................154
Dérivation affixale .....................................154
• Préfixation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
•Suffixation ...............................................155
Dérivation impropre ou conversion ........................157
Composition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Néologismes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
Onomatopées .........................................160
ARCHAÏSMES LEXICAUX ...................................161
Les archaïsmes synchroniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 162
Les archaïsmes diachroniques ............................162
LEXIQUE ET ORALITÉ .....................................164
MORPHOSYNTAXE .........................................167
PARTICULARITÉS SYNTAXIQUES ..............................167
Le verbe .............................................167
•Les valeurs des temps de l’indicatif ............................167
•Les constructions des verbes .................................169
•L’infinitif complément de verbe ...............................172
•Coordinations de compléments de verbe ........................173
•Figement et défigement des constructions verbales ................173
Les pronoms personnels et adverbiaux .....................174
• La place du pronom clitique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 174
• La référence du pronom .....................................175
La négation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 177
•Ne explétif : négation de verbe ................................177
•Double négation ...........................................177
•Ne exceptif : négation de constituant ...........................178
Formules introductrices .................................178
QUESTIONS DE SYNTHÈSE ..................................179
Les propositions subordonnées circonstancielles . . . . . . . . . . . .. 179
•Les circonstancielles conjonctives .............................180
•Les circonstancielles non conjonctives .........................184
Le groupe adjectival . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
•La variation en degré .......................................186
•Les compléments de l’adjectif ................................189
STYLISTIQUE .............................................191
L’ÉNONCIATION : ENTRE RÉCIT ET DISCOURS ....................191
Structures et dynamiques narratives .......................191
•Une onomastique signifiante .................................192
•Progressions thématiques ....................................193
• Cadrages énonciatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 195
Les procédés de la description . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 197
•Formules présentatives ......................................197
•Constructions absolues détachées .............................197
• L’art du portrait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 198
Un art de l’oralité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 200
•Les discours rapportés ......................................200
• Les appellatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
Procédés de l’oralité ...................................205
•Les figures de répétitions ....................................205
•Une langue pittoresque ......................................206
LE CONTE : UN GENRE PROTÉIFORME ..........................207
Libertés et variétés génériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207
• Les pièces en vers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208
• Les moralités et sentences sous le régime de la modulation . . . . . . . . . 210
Mélange des registres et des styles ........................214
•Style élevé et style bas:la langue des animaux ...................214
•Style galant et anti-galant ....................................215
•Déploration et registre tragique ...............................216
Jeuxdemots et métamorphoses ..........................218
•Dérivations et jeux de mots ..................................218
•Répétitions et construction de l’intrigue ........................219
•Métamorphoses morphologiques ..............................220
VOIX ET VOIES DE LA CONTEUSE : DE LA MERVEILLE À LA SIMPLICITÉ . 221
Embrasser pleinement la merveille: l’emphase et le haut degré . . 221
•Rhétoriquehyperbolique ....................................221
• L’expression du haut degré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222
•Énumérationsetaccumulations ...............................223
Modalisation et point de vue : un art de la distanciation . . . . . . . . 225
•Modalités des interventions de la conteuse ......................225
• Modalités de phrases: interrogations et exclamations . . . . . . . . . . . . . . 228
À la recherche d’un style simple? .........................229
•Traces des tylee nfantin .....................................229
•Style conversationnel .......................................230
OUTILS
ILLUSTRATIONS DE L'ÉDITION ORIGINALE DES CONTES DE PERRAULT
FIGURE 1. FRONTISPICE
(ILL.ANTOINE CLOUZIER). .................................235
FIGURE 2. VIGNETTE DU “PETIT CHAPERON ROUGE”
(ILL.A.CLOUZIER). ......................................236
FIGURE 3. VIGNETTE DE “LA BARBE BLEUE”
(ILL.A.CLOUZIER). ......................................237
FIGURE 4. VIGNETTE DE “LA BICHE AU BOIS”
(ILL. RAIMOND). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
FIGURE 5. VIGNETTE DE “BELLE BELLE OU LE CHEVALIER FORTUNÉ”
(ILL. RAIMOND). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
BIBLIOGRAPHIE ..........................................241
Aurélia Gaillard est professeur de Littérature française du XVIIIe siècle à l’université Bordeaux Montaigne et membre senior de l’Institut Universitaire de France (IUF). Spécialiste du merveilleux, elle a notamment publié Fables, mythes, contes (1660-1724) (Champion, 1996), Le corps des statues. Le vivant et son simulacre de Descartes à Diderot (Champion, 2003), et divers ouvrages, sur les Lettres persanes de Montesquieu (Atlande, 2013), Le Neveu de Rameau de Diderot (Ellipses, 2017), ainsi qu’une édition critique de contes rococo (Saint-Hyacinthe, Coypel, Godard de Beauchamps, Contes, BGF 11, t. 2, 2018). Elle se consacre désormais à l’étude des couleurs à l’époque des Lumières dans une perspective pluridisciplinaire, champ nouveau dans lequel elle a récemment dirigé deux numéros de revue: “La couleur des Lumières” (Dix-huitième Siècle, no 51, 2019, avec C. Lanoë) et “Couleurs et identités à l’époque des Lumières” (Lumières, no 36, 2021)
Lauriane Maisonneuve, ancienne étudiante de l’ENS-Lyon, est professeure agrégée de Lettres modernes et docteure en langue et littérature françaises. Sa thèse porte sur le système interlocutif des tragédies de la première modernité.
Pères, mères, fratries, sorories et toutes leurs figures de substitutions, nourrices, sœurs de lait, ogres et ogresses, entretiennent un lien avec la nourriture qui peut prendre la forme d’un repas (du partage), d’un cadeau (d’un échange), voire d’une dévoration (d’une union, d’une incorporation). Dans les contes, l’aliment est partout, dans les festins des palais royaux comme dans les repas frugaux des chaumières, sous forme de don, de contre-don, et chaque personnage est un mangeur ou un mangé en puissance. Qu’on pense aux cadeaux alimentaires faits aux fées – “cinquante livres de confitures, autant de sucre royal, et deux jambons de Mayence” pour la fée Carabosse (“La Princesse Printanière”, p. 141) – ou à ceux réclamés par les mêmes fées: le don de l’eau dans le conte éponyme de Perrault où, comme l’analyse très finement Anne DEFRANCE, la jeune fille s’est transformée en source inépuisable de dons, fontaine de paroles, corne d’abondance et où le “don est devenu dot” [2003].
L’hospitalité, également, est un thème majeur, tour à tour princière et cannibale. Le conte est une vaste cuisine où s’échangent et s’apprêtent des mets choisis. Le récit lui-même est nourriture: transmis par une nourrice, dévoré par des ogres-enfants puis apprêté en mets raffiné pour un public mondain. Il s’agit d’une histoire de transformation alimentaire [MARIN, 1986]: de liquide (lait et sang) en solide (petit pot de beurre, fromage, sang caillé, chair, viande), de cru (chair fraîche) en cuit (rôti, bouilli), de sauvage et brut (gibier et raves) en préparé et raffiné – chair à pâté, sauce Robert, pâté d’oiseaux bardés dans “L’Oiseau Bleu” (p. 128); dragées du roi, vin muscat, confitures et compotes dans “La Princesse Rosette” (p. 173). On peut même continuer: le conte convertit les mets pauvres et rustiques (pain noir) en mets aristocratiques (citrons et oranges, Champagne), le fade en sucré et en salé (sucre royal et jambons de Mayence), le blanc en rouge et le noir en blanc (pain), etc. La nourriture a ainsi une fonction métaphorique qui met au jour la profonde équivalence que le genre tisse entre la parole, l’alimentaire et la sexualité. S’il y est toujours question de manger ou d’être mangé, c’est que la nourriture est la forme que prend l’échange dans ce roman familial qu’est le conte.