L’inconscient
Francine Tenaillon et Nicolas Tenaillon
France met. & monde : 3€ jusqu'à 25€, 6€ jusqu'à 50€, 9€ jusqu'à 100€, 12€ au-delà 100€ DOM-TOM : 8€
Du cogito cartésien à la réfléxologie du XIXe siècle, de Freud à ses disciples, dissidents et détracteurs et de Spinoza à Wittgenstein en passant par Gérard de Nerval et Albert Cohen, cet ouvrage se propose de présenter le panorama le plus vaste possible de la notion d'inconscient, en veillant cependant à privilégier les questionnements, multiples et pluridisciplinaires.
Fiche technique
- Référence
- 460678
- ISBN
- 9782350306780
- Hauteur :
- 17,8 cm
- Largeur :
- 12 cm
- Nombre de pages :
- 162
- Reliure :
- broché
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15
Repères : genèse d’une découverte
Un préalable :
L’avènement du sujet conscient de lui-même au XXIIe siècle . . . .21
Descartes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22
Spinoza et Leibniz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25
Un obstacle ?
La métaphysique allemande de l’inconscient à l’âge postcritique 29
Kant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30
Fichte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .31
Schelling . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .32
Hegel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33
Schopenhauer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .34
Une alternative : les progrès de la psycho-physiologie
De l’inconscient au XIXe siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37
Inconscient et réflexologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .38
Inconscient et psychologie expérimentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . .40
Une tentative de synthèse :
La philosophie aux portes d’une science de l’inconscient . . . . .45
Nietzsche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .47
Bergson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .49
THÈMES : penser ou faire penser l’inconscient
L’inconscient à La lumière de La psychanalyse
L’inconscient freudien : “Wo es war, soll ich werden.” . . . . . . . .53
Entre association libre et résistance : l’inconscient révélé ? . . . . . .55
L’inconscient dans le rêve : la voie royale ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . .57
L’inconscient au plus près à travers la vie quotidienne . . . . . . . . . .60
Pour une métapsychologie : au-delà de l’inconscient . . . . . . . . . . .62
Disciples et/ou dissidents ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .63
L’inconscient comme volonté de puissance :
Alfred Adler (1870 - 1937) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .63
Trauma et inconscient : Sandor ferenczi (1873 - 1933) . . . . . . . . .65
L’inconscient chez l’enfant : Mélanie Klein (1882 - 1960) . . . . . . .66
L’ombre et la psyché collective : Carl Gustav Jung (1875 - 1961) .69
L’inconscient groupal et le moi-peau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .71
Le groupe comme appareil psychique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .71
Soigner l’inconscient ?
L’analyse systémique et autres approches thérapeutiques . . . . . . . .74
Jacques Lacan (1901 - 1981) : “je est un autre” . . . . . . . . . . . . . .76
L’inconscient et son image spéculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .76
L’inconscient et le déchaînement du signifiant . . . . . . . . . . . . . . . .77
L’inconscient, désir et discours de l’Autre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .79
Critiques de La psychanalyse :
Une autre approche de l’empire du caché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .81
Reich : un produit du capitalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .82
Politzer : une notion abstraite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .84
Rejet de l’inconscient latent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .85
Rejet de l’inconscient dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .85
Rejet du travail de l’inconscient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .85
Alain : un autre moi, inutile et dangereux . . . . . . . . . . . . . . . . .87
Sartre : une psychanalyse sans inconscient . . . . . . . . . . . . . . . . .89
Wittgenstein et Descombes : un abus de langage ? . . . . . . . . . . .91
L’inconscient cognitif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .95
L’inconscient dans son usage non-psychologique
L’usage épistémologique :
Psychogénèse de la connaissance objective . . . . . . . . . . . . . . . .101
Poincaré et l’inconscient du mathématicien . . . . . . . . . . . . . . . . . .101
Bachelard et la formation de l’esprit scientifique . . . . . . . . . . . . . .104
L’usage éthique : une morale de l’involontaire ? . . . . . . . . . . .106
Aristote et l’acrasie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .106
La Rochefoucauld et l’amour propre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .108
Bernard Williams et l’irrationalité des choix . . . . . . . . . . . . . . . . .109
L’usage politique : l’inconscient collectif instrumentalisé ? .111
Spinoza et le fondement passionnel du politique . . . . . . . . . . . . . .111
Gustave Le Bon et l’inconscient de la foule . . . . . . . . . . . . . . . . . .112
Elias Canetti et l’imaginaire des masses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .114
L’inconscient idéologique de Marx à Ricoeur . . . . . . . . . . . . . . . . .115
L’usage sociologique : l’assimilation inconsciente des normes 116
Durkheim et l’intégration sociale de l’individu . . . . . . . . . . . . . . .117
Elias et la sociogenèse du contrôle de soi . . . . . . . . . . . . . . . . . . .119
Goffman et la stabilisation des interactions . . . . . . . . . . . . . . . . . .120
Bourdieu et l’expression de l’habitus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .122
L’usage esthétique : l’inconscient créateur . . . . . . . . . . . . . . . .124
Novalis et le fantastique transcendantal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .124
Breton et l’inconscient surréaliste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .125
Critique psychanalytique et littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .128
L’usage religieux : l’inconscient divinisé ? . . . . . . . . . . . . . . . . .130
Augustin et l’amour de Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .130
Maître Eckhart et l’inconscient mystique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .133
Feuerbach et l’aliénation en Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .135
Freud et l’illusion religieuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .137
Outils : l’inconscient à portée de main
L’inconscient du côté de La littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . . .141
La Fleur bleue : Novalis, Heinrich von Ofterdingen, 1802 . . . .142
Le rêve comme seconde vie :
Gérard de Nerval, Aurélia ou le rêve et la vie, 1855 . . . . . . . .144
“Mon rêve familier” : Paul Verlaine, Poèmes saturniens, 1866 .145
L’inconscient, un champ hors normes :
Tristan Tzara, Manifeste DADA, 1918 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .146
Une lettre de Patrick Troll :
Georg Groddeck, Le livre du Ça, 1923 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .147
Merveilleux et inconscient :
André Breton, Le Manifeste du surréalisme, 1924 . . . . . . . . . . .148
Le grain de sable, un rêve circulaire :
Jorge Luis Borges, l’écriture du dieu, IN l’aleph, 1949 . . . . . .150
Chasse au lion :
Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien, 1951 . . . . . . . . . .151
Ariane en son bain ou la libre association :
Albert Cohen, Belle du seigneur, 1968 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .152
“Je suis peintre. Et fou, parfois.” : Gérard Garouste
Avec Judith Perrignon, L’Intranquille, 2009 . . . . . . . . . . . . . . . .153
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .155
Webographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .159
Francine Tenaillon est professeure agrégée d'allemand et praticienne de l'entretien d'accompagnement psychanalytique dans le champ professionnel, individuel et familial.
Nicolas Tenaillon est professeur agrégé de philosophie en CPGE et chargé de cours à l'Université Catholique de Lille, auteur de nombreux ouvrages de référence pour la préparation aux concours des grandes écoles et collaborateur à Philosophie Magazine.
Bergson
Si Nietzsche aborde l’inconscient par le corps, Bergson, lui, cherche à le comprendre par l’esprit. Mais il ne reconduit pas pour autant telle quelle la métaphysique des philosophies de l’inconscient du XIXe siècle. Son projet est de fonder une spiritualité positive qui puise de manière critique dans les avancées de la psychologie scientifique naissante de quoi informer une nouvelle interprétation du rapport entre conscience et inconscient, interprétation centrée sur la mémoire. rappelons que pour Bergson la mémoire ne diffère pas de la durée : “il est impossible de distinguer entre la durée, si courte soit-elle, qui sépare deux instants et une mémoire qui les relierait l’un à l’autre, car la durée est essentiellement une continuation de ce qui n’est plus dans ce qui est” (durée et simultanéité). En conséquence la mémoire n’est pas en moi, c’est moi qui suis en elle puisque pour trouver un souvenir, il faut s’installer dans le passé. Ce paradoxe permet à Bergson de soutenir que les souvenirs ne cessent jamais d’être : ils existent toujours mais peuvent échapper à la conscience. Ce sont donc eux qui constituent l’inconscient et celui-ci, bien que réel, n’est pas spatialisable. Cette ontologie du virtuel implique de rejeter la cérébration inconsciente. Virtuels, les souvenirs ne sauraient en effet être localisés dans des aires cérébrales : “il n’y a pas, il ne peut y avoir dans le cerveau une région où les souvenirs se figent et s’accumulent” (Matière et mémoire, 1896). ribot a donc tort de ne pas comprendre que l’amnésie provoquée par une lésion cérébrale n’est pas la disparition du souvenir mais l’incapacité du cerveau à le retrouver. Une bonne illustration de cette conception ontologique du passé, constitutive de l’inconscient psychique, est donnée par l’étude de la “fausse reconnaissance” dans le chapitre V de L’énergie spirituelle (1919). Définie comme “souvenir du présent”, la paramnésie révèle que le souvenir se forme en même temps que la perception et non pas après elle. Car le présent, habituellement sensori-moteur, se dédouble ici en actuel et virtuel. Produite par une forme singulière d’“inattention à la vie”, l’impression de déjà-vu est une sorte d’ouverture métaphysique qui révèle la dimension occultée de notre conscience. C’est que la conscience est tendue vers l’action et ne cesse de choisir ce qui lui est utile : “conscience signifie : action possible” (Matière et mémoire).