La politique, le droit
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La politique, le droit

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Sous la direction de Silvia Manonellas et de Jean-Baptiste Nanta

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LA référence des CPGE littéraires

S. Bonnet, B. BrousseE. Buissière, F. Burgat, N. Chouchan, D. Collin, P. Crignon, N. Grangé, M. Iacub, F. Kausch, M. Lahure, J.-C. Poizat, S. Rey, H. Rizk, E. Rogan, C. Spector, E. Zernic.

Fiche technique

Référence
460679
ISBN
9782350306797
Hauteur :
17,8 cm
Largeur :
12 cm
Nombre de pages :
402
Reliure :
broché

INTRODUCTION ............................................. 9
    Silvia Manonellas et Jean-Baptiste Nanta

LE MONDE DES AFFAIRES HUMAINES : LA POLITIQUE COMME ACTIVITÉ
PLATON : L’USAGE DE LA LOI EN POLITIQUE ..................... 53
    Benoit Brousse

ARISTOTE : DE LA NATURE POLITIQUE DE LHOMME AUX DÉBATS SUR LE JUSTE .... 67
   
Esther Rogan
H
ANNAH ARENDT : LA POLITIQUE, LE DROIT .................... 80
   
Jean-Claude Poizat

LE DROIT ET LES RAISONS DE LOBÉISSANCE
MACHIAVEL ET LE DROIT ...................................97
    Stéphane Bonnet
D
ROIT NATUREL, MULTITUDE ET POUVOIR POLITIQUE CHEZ SPINOZA : LES INDIVIDUS TRANSFÈRENT-ILS LEUR PUISSANCE AU SOUVERAIN ? .......115
    Hadi Rizk
H
EGEL, PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE DU DROIT .................136
    Evelyne Buissière

LA MYSTIFICATION DU DROIT
C
ATHARINE MAC KINNON, LA DISCUSSION FÉMINISTE DU DROIT : LEXEMPLE DU DÉBAT SUR LA PORNOGRAPHIE ...................155
    Matthieu Lahure

MARX : DROIT, TRAVAIL, POLITIQUE ..........................171
    Denis Collin

PASCAL, MISÈRE DE LA POLITIQUE ............................188
    Nathalie Chouchan
P
ROBLÈMES ET HYPOTHÈSES FOUCALDIENNES SUR LE POUVOIR .................204
    Stéphane Rey

LA RAISON D’ÉTAT
GIOVANNI BOTERO ET LA RAISON D’ÉTAT ......................299
    Stéphane Bonnet
G
IORGIO AGAMBEN, L’ÉTAT DEXCEPTION .....................247
    Franck Kausch

CARL SCHMITT, LE NOMOS DE LA TERRE ......................265
    Ninon Grangé

LA SOUVERAINETÉ
MONTESQUIEU, DE L’ESPRIT DES LOIS ........................285
    Céline Spector
H
OBBES, LA LOI CIVILE ....................................301
    Philippe Crignon
D
ES BORNES DU POUVOIR SOUVERAIN CHEZ ROUSSEAU ............316
    Éric Zernik

AUTRES REGARDS
COMMENT LE DROIT EST-IL DEVENU UN PSYCHOPOUVOIR ? ................337
    Marcela Iacub

L
ES DOMMAGES DE LA FICTION JURIDIQUE. LES ANIMAUX DANS LE DROIT POSITIF .........................351
   
Florence Burgat

GLOSSAIRE ...............................................369

Sous la direction de Silvia Manonellas et de Jean-Baptiste Nanta

Stéphane Bonnet est agrégé de Philosophie, enseignant au lycée Victor-Hugo et membre associé du Centre d’histoire des philosophies modernes de la Sorbonne. Il a publié : Droit et raison d’État (Paris, Classiques Garnier, 2012) ; Les Lois de la désobéissance. Traité de l’orgueil et de la mauvaise volonté (Paris, PUF, 2020) ; Des Nouveautés très anciennes. De l’esprit des lois et la tradition de la jurisprudence (Paris, Éditions de la Sorbonne, 2020).

Benoit Brousse est ancien élève de l’ENS, professeur agrégé de Philosophie dans le secondaire.

Evelyne Buissière est agrégée et docteur en Philosophie, HDR, professeur de chaire supérieure en CPGE.

Florence Burgat est directeur de recherche à l’INRAE, affectée aux Archives Husserl (ENS).

Nathalie Chouchan est professeur de chaire supérieure de Philosophie en khâgne au lycée Henri IV.

Denis Collin est professeur agrégé de Philosophie, docteur ès Lettres et Sciences humaines et auteur de plusieurs ouvrages consacrés à Marx, dont Introduction à la pensée de Marx (Le Seuil, 2018).

Philippe Crignon est agrégé et maître de conférences en Philosophie politique et juridique à l’Université de Nantes. Il a notamment écrit La philosophie de Hobbes (Paris, Vrin, 2017) et De l’incarnation à la représentation : l’ontologie politique de Thomas Hobbes (Paris, Classiques Garnier, 2012); il a également traduit Hobbes, Du citoyen (Paris, Flammarion, 2010).

Ninon Grangé est ancienne élève de l’ENS, agrégée et docteure en Philosophie, maître de conférences HDR à l’université Paris 8.

Marcela Iacub est directrice de recherche au CNRS (Centre de recherches historiques EHESS).

Franck Kausch est agrégé de Philosophie et professeur de chaire supérieure en philosophie, enseignant en CPGE aux lycées Fénelon et Louis-le-Grand.

Matthieu Lahure est agrégé et docteur en Philosophie, enseignant en CPGE au lycée Champollion (Grenoble).

Silvia Manonellas est professeure de chaire supérieure en philosophie aux lycées Henri-IV et Louis-le-Grand et directrice de collection à Atlande.

Jean-Baptiste Nanta, agrégé de Philosophie, enseigne à Paris au lycée Lavoisier, à l’ENC-Bessières et dans le cadre du Certificat pour les Sportifs de Haut Niveau à Sciences Po; il est aussi directeur de collection à Atlande.

Jean-Claude Poizat est professeur agrégé de Philosophie en lycée et docteur en Sciences politiques. Dernier ouvrage paru: Apprendre à philosopher avec la philosophie juive (éditions Ellipses, 2019).

Stéphane Rey est ancien élève de l’ENS, professeur agrégé de Philosophie en CPGE au lycée Poincaré de Nancy.

Hadi Rizk, ancien élève de l’ENS de St-Cloud, docteur en philosophie, est professeur de chaire supérieur en philosophie au lycée Henri IV (Paris).

Esther Rogan est ancienne élève de l’ENS, certifiée et docteure en Philosophie, chercheuse associée au Centre Gramata de l’université Paris I. Elle est également enseignante et responsable de l’ingénierie de formation à l’Institut d’études politiques de Paris. Ses travaux portent sur la philosophie politique d’Aristote, à laquelle elle a consacré différents travaux. Son dernier ouvrage s’intitule La stásis dans la politique d’Aristote. La cité sous tension (Classiques Garnier, Les Anciens et les Modernes, 2018).

Céline Spector est professeur de Philosophie politique à l’UFR de philosophie de Sorbonne Université. Ses travaux sont consacrés à la philosophie des Lumières (Montesquieu, Rousseau) et à son héritage contemporain. Elle est notamment l’auteure de Montesquieu. Liberté, droit et histoire (Paris, Michalon, 2010) ; Au prisme de Rousseau. Usages politiques contemporains (Oxford, Voltaire Foundation, 2011) ; Rousseau. Les paradoxes de l’autonomie démocratique (Paris, Michalon, 2015) ; Eloges de l’injustice. La philosophie face à la déraison (Paris, Seuil, 2016) ; Rousseau et la critique de l’économie politique (Presses Universitaires de Bordeaux, 2017) ; Rousseau (Cambridge, Polity Press, 2019). Elle co-dirige la collection “L’esprit des lois” (collection de philosophie politique et de philosophie du droit) pour la Librairie Vrin.

Éric Zernik est agrégé de Philosophie. Derniers titres parus : Rousseau. L’expérience sociale (éd. CNDP, 2012) et, avec Clélia Zernik, L’attrait des cafés (éd. Yellow now, 2017) ainsi que L’attrait des fantômes (éd. Yellow now, 2019).

HANNAH ARENDT : LA POLITIQUE, LE DROIT

Introduction

La question de l’articulation entre la politique et le droit est au cœur de la réflexion de la philosophe américaine Hannah Arendt (1906-1975), et elle pourrait aisément constituer un fil rouge afin de nous aider à suivre le développement de sa pensée tout au long de l’écriture de son œuvre, qui s’étend des années 1920 aux années 1970. Loin toutefois de vouloir restituer ici l’ensemble de la pensée d’Arendt, nous prendrons comme fil directeur du présent article la question des relations entre ces deux notions au sein de sa pensée.

Il convient d’énoncer d’emblée un paradoxe: si la pensée d’Arendt est éminemment politique, et si la question du droit constitue en effet l’un des enjeux majeurs de sa pensée, il n’en demeure pas moins que ces deux notions ne font quasiment jamais l’objet d’un traitement spécifique dans son œuvre, mais qu’elles sont abordées comme en passant, au travers de développements qui ont d’autres objets en vue. Hannah Arendt n’est pas un penseur politique classique. En effet, on ne trouve pas, dans toute son œuvre, d’énoncés politiques ni juridiques systéma- tiques ou organisés, pas de théorie arrêtée ni d’enseignement dogmatique sur telle ou telle question intéressant la politique ou le droit, ce qui peut sembler déroutant au premier abord. L’œuvre d’Arendt se présente plutôt comme un ensemble de textes ayant pour but de questionner, d’examiner, au sens socratique, voire quelquefois aussi de polémiquer, au sujet de tel ou tel sujet d’actualité. Beaucoup de textes d’Arendt, non seulement ses articles mais aussi certains de ses livres, sont des écrits de circonstances, des textes écrits dans la chaleur des événements, mais dont ils s’efforcent pourtant de dégager le sens. Quant aux écrits d’Arendt ayant une portée plus théorique et plus abstraite, ils ne prennent véritablement sens également qu’à la lumière des événements historiques et politiques modernes et contemporains.

Néanmoins, il ressort de la lecture d’Arendt que ces deux mots, droit et politique, ont pour elle un sens tout à fait clair, même s’il ne correspond pas à celui que la tradition de la pensée politique et juridique nous a légué. En réalité, l’œuvre d’Arendt ne vise rien de moins qu’à refonder le sens de deux concepts dont la tradition de pensée occidentale a hérité du plus ancien passé, de l’Antiquité respectivement grecque et romaine, mais dont la philosophe américaine considère qu’ils sont en quelque sorte caducs, car ils auraient été rendus obsolètes par l’histoire du XXe siècle.