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Sciences humaines 2022-2025

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Sciences Humaines 2022-2025

Antoine Berman, L’épreuve de l’étranger. Culture et traduction dans l’Allemagne romantique ; Howard S. Becker, Les mondes de l’art

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En lettre suivie

Traitant de deux des six œuvres au programme de l’oral de l’ENS Lyon pour les années 2022, 2023, 2024 et 2025, l'ouvrage fait la lecture de deux textes. Chacune des parties de l’ouvrage est composée :

- de repères : une présentation de l’œuvre et de son contexte ;

- des grandes problématiques articulées autour des spécificités méthodologiques de l’auteur ;

- d’outils : chronologie, résumé, références de l’auteur, réception de l’œuvre, postérité, mots-clefs, bibliographie.

Par Céline Barral et Alexandre Robert

Céline Barral est maître de conférences en littérature comparée à l'université de Bordeaux-Montaigne, agrégée de Lettres modernes et ancienne élève de l'Ecole normale supérieure. Dans le présent volume elle a rédigé la partie sur l'Epreuve de l'étranger.

Alexandre Robert est maître de conférences associé à l'UFR de Musique et Musicologie de Sorbonne Université. Dans le présent volume il a rédigé la partie sur Les Mondes de l'art.

Fiche technique

Référence
460786
ISBN
9782350307862
Hauteur :
17,8 cm
Largeur :
12 cm
Nombre de pages :
144
Reliure :
broché

Les Mondes de l'art, Howard S.Becker

Introduction

Repères

Mise en contexte biographique

L'œuvre par rapport à l'auteur

Le titre et l'inscription de l'œuvre

Dans son genre et dans son domaine

Problématiques

L'art comme activité collective

Les ressorts de la coopération

La dynamique relationnelle et temporelle des œuvres

Les mondes de l'art en action

La construction des significations et des valeurs artistiques

Outils

Chronologie

Résumé de l'œuvre

Références de l'auteur

Réception de l'œuvre

Mots-clefs

Bibliographie sélective

L'épreuve de l'étranger. Culture et traduction dans l'Allemagne Romantique, Antoine Berman

Introduction

Repères

Mise en contexte biographique

L'œuvre par rapport à l'auteur

Le titre

Inscription de l'œuvre dans son genre et son domaine

L'œuvre dans son contexte historique et culturel

Problématiques

Un essai qui confine au manifeste

Un essai personnel

Une proposition éthique

Outils

Chronologie

Résumé de l'œuvre 

Références de l'auteur

Réception de l'œuvre

Mots-clefs

Bibliographie sélective

Céline Barral est maître de conférences en littérature comparée à l'université Bordeaux-Montaigne, agrégée de Lettres modernes et ancienne élève de l'Ecole normale supérieure. Elle a rédigé dans le présent volume la partie sur l'Epreuve de l'étranger.

 

Alexandre Robert est maître de conférences associé à l'UFR de Musique et Musicologie de Sorbonne Université. Il a rédigé dans le présent volume la partie sur Les Mondes de l'art.

Comme on l’a vu, la sociologie interactionniste de Becker prête, dans Les Mondes de l’Art et bien au-delà, une attention toute particulière aux significations que les individus attribuent aux choses et à leurs actions. Tout comme des individus ne sont “déviants” que parce qu’ils sont perçus et étiquetés comme ayant transgressé des normes établies, ainsi qu’il le mettait en évidence dans son livre Outsiders de 1963, des individus ne sont “artistes” ou des objets ne sont “œuvres d’art” que parce qu’ils sont reconnus comme tels au sein de mondes de l’art: “Partout où il existe un monde de l’art, c’est lui qui délimite les frontières de l’art recevable.” (p. 236). Becker insiste ainsi sur les mécanismes de construction sociale de la signification et de la valeur des œuvres (“La valeur esthétique naît de la convergence de vue entre les participants à un monde de l’art.”, p. 150), qu’il s’agisse des opérations d’évaluation esthétique opérées par les esthé- ticiens et les critiques, de la délimitation de la frontière entre art et artisanat, ou encore de la formation des réputations artistiques.

Si les nombreux intermédiaires examinés (fournisseurs de ressources matérielles, mécènes, marchands, État, etc.) sont tous impliqués d’une façon ou d’une autre dans le processus de fabrication sociale du sens et de la valeur des œuvres, il est une catégorie d’intermédiaires entièrement consacrés au jugement et à la qualification esthétiques des œuvres: les esthéticiens et les critiques. Visant à hiérarchiser, à classer, voire à tracer des frontières entre l’art et le non-art, leurs discours ont un poids considé- rable sur la réputation des artistes: “L’esthétique élaborée par les esthéti- ciens procure un bien-fondé théorique” (p. 150) à la valeur des œuvres et en assure, par-là, la stabilité. Bien entendu, tout le monde ne peut pas se prétendre juge esthétique d’un simple claquement de doigts. Si ces discours pèsent aussi lourd sur la réalité artistique, et si de nombreuses personnes sont disposées à leur accorder leur confiance, c’est parce que ceux qui les énoncent sont fortement intégrés dans les mondes de l’art: ils sont investis d’une certaine autorité, ils sont dotés de compétences reconnues et ils jouissent d’une visibilité étendue.

“Un sociologue n’a pas à décider qui est habilité à donner l’étiquette d’art [...]. Il lui faut simplement voir à qui les membres d’un monde de l’art accordent cette prérogative, au sens où, dès lors que les personnes en question ont décidé qu’une chose était de l’art, les autres se comportent en conséquence.” (p. 165) Bien sûr, Becker se montre ici nuancé et précise que le poids de tel ou tel critique peut varier en fonction de la position et de son niveau de légitimité au sein du monde de l’art, mais également au cours du temps, en fonction des issues des conflits esthétiques et de l’évolution des pratiques artistiques

Becker s’attache ainsi à souligner que les débats esthétiques et critiques qui animent les mondes de l’art ne sont pas seulement des discussions abstraites ou métaphysiques, mais ont en fait des conséquences très concrètes puisque de leur issue peut découler l’attribution de places rares ou la répartition de ressources précieuses: “Si des systèmes esthétiques autorisent à départager les œuvres d’art dignes d’être exposées ou jouées et celles qui ne le sont pas, cela aura des répercussions sur les conditions de diffusion des œuvres.” (p. 156) À partir du moment où l’esthétique d’un compositeur est largement reconnue comme valide selon les critères d’appréciation en vigueur, par exemple, alors il aura tendance à obtenir davantage de commandes, ses œuvres seront plus facilement programmées par les institutions et les salles de concert, il aura moins de difficultés pour trouver un poste de professeur de composition dans un conservatoire ou une université, etc.

La fluctuation au cours du temps des critères de jugement découle notamment de la nécessité de trouver de nouvelles justifications esthétiques lorsque les théories en vigueur ne cadrent plus avec des œuvres qui ont pourtant été acceptées par certains membres cardinaux d’un monde de l’art. C’est par exemple le cas d’objets exposés par Marcel Duchamp comme l’urinoir ou la pelle à neige qui, en contrevenant aux critères d’appréciation traditionnels des arts visuels (imitation de la nature, mise en œuvre d’un savoir-faire spécifique, expression d’une sensibilité propre, etc.), a suscité de vives oppositions. De nouvelles justifications esthétiques ont alors été avancées, les qualités des œuvres étant désormais à chercher non plus dans les objets eux-mêmes, mais “dans le rapport des objets avec un monde de l’art donné, avec les structures institutionnelles dans lesquelles [s’insèrent] la production, la distribution, l’appréciation et l’exégèse de l’art” (p. 161).