Le théâtre espagnol contemporain de la mémoire (à paraître)
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  • Le théâtre espagnol contemporain de la mémoire (à paraître)

Le théâtre espagnol contemporain de la mémoire

19,00 €
TTC

Mayorga, El jardín quemado ; Ripoll, Los niños perdidos ;
Sanchis Sinisterra, Terror y miseria en el primer franquismo

Par Erwan Burel.

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Traitant d’un des sujets 2022 et 2023 de l’agrégation interne d’Espagnol, cet ouvrage propose tout ce dont le candidat a besoin pour passer les épreuves.

Comme tous les Clefs-concours, l’ouvrage est structuré en trois parties :

Repères : le contexte historique et littéraire;

Problématiques : comprendre les enjeux du programme;

Outils : pour retrouver rapidement une définition, une idée ou une référence.

Fiche technique

Référence
460772
ISBN
9782350307725
Hauteur :
17,8 cm
Largeur :
12 cm
Nombre de pages :
192
Reliure :
broché

INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11

REPÈRES

HISTOIRE ET MÉMOIRE

L’ESSOR DE LA MÉMOIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

MÉMOIRE INDIVIDUELLE, MÉMOIRE COLLECTIVE, MÉMOIRE HISTORIQUE . 25

LE DEVOIR DE MÉMOIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

LA RÉCUPÉRATION DE LA MÉMOIRE HISTORIQUE EN ESPAGNE

LE “PACTE” DE SILENCE DE LA TRANSITION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

LE TOURNANT DES ANNÉES 1990 ET 2000 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

L’ESPAGNE DES LOIS MÉMORIELLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

LE THÉÂTRE ESPAGNOL DE LA MÉMOIRE

DU DRAME HISTORIQUE AU THÉÂTRE DE LA MÉMOIRE . . . . . . . . . . . . . .51

LE THÉÂTRE DE LA MÉMOIRE APRÈS 1975 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

LES DRAMATURGIES CONTEMPORAINES DE LA MÉMOIRE . . . . . . . . . . . . . 58

ŒUVRES

TERROR Y MISERIA EN EL PRIMER FRANQUISMO

JOSÉ SANCHIS SINISTERRA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .65

GENÈSE ET CONTEXTE DE CRÉATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74

THÈMES ET STRUCTURES DRAMATIQUES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

Primavera 39 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

El sudario de tiza . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

Plato único . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91

El anillo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

Filas prietas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101

Intimidad . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

Dos exilios . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

El topo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

Atajo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116

Éléments récapitulatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121

LOS NIÑOS PERDIDOS

LAILA RIROLL ET LA QUESTION DE LA MÉMOIRE . . . . . . . . . . . . . . . . .123

DES PERSONNAGES AUX HISTOIRES GLAÇANTES . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127

LE PRISME DU JEU ET DE L’UNIVERS ENFANTIN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132

LA PRÉSENCE DU SURNATUREL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

LE RECOURS AU GROTESQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137

LA RÉCUPÉRATION DE LA MÉMOIRE ET DE L’IDENTITÉ . . . . . . . . . . . . . 144

EL JARDÍN QUEMADO

JUAN MAYORGA : UNE VISION BENJAMIENNE DE L’HISTOIRE . . . . . . . .147

LE SEUIL DE LA FICTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151

LE PARCOURS D’UNE DÉSILLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .153

La mise en place du conflit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153

L’entrée dans le jardin brûlé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155

Le dresseur de chiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157

La partie d’échecs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159

La rencontre avec le poète . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161

UNE DRAMATURGIE DE L’ÉNIGME

AU SERVICE D’UNE THÉÂTRALITÉ ELLIPTIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165

OUVERTURES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .167

OUTILS

SPÉCIFICITÉ DU TEXTE DRAMATIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .170

MÉTHODOLOGIE

LA COMPOSITION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173

L’EXPLICATION DE TEXTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .175

ABRÉVIATIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .177

BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .178

GLOSSAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .185

Erwan Burel, maître de conférences en civilisation espagnole contemporaine à l’université de Franche-Comté et membre du Centre de recherches interculturelles et transdisciplinaires (EA3224) de cette même université, spécialiste de théâtre espagnol contemporain.

"Depuis plusieurs décennies déjà, les sociétés et les États s’efforcent d’offrir réparation aux communautés qui ont été frappées par la violence et la barbarie et de mettre en place des processus de paix et de récupération mémorielle. Étonnamment, jusqu’à une période assez récente, les mesures prises en ce sens n’accordaient pas suffisamment d’importance aux victimes. La singularité de la figure de la victime était minimisée tout comme les implications de sa souffrance. Face à cette forme d’invisibilisation, l’intérêt pour la mémoire resurgit et devient essentiel dans les mécanismes de reconstruction et de réconciliation [BOHÓRQUEZ, 2015, p. 12].

Le concept de devoir de mémoire apparaît en référence à l’Holocauste, qui désigne à la fois les camps de concentration et l’entre- prise d’extermination systématique d’une population durant la Seconde Guerre mondiale. Il nait dans les années 1990, en lien avec la mémoire de la Shoah – car, comme l’affirme Reyes MATE [2011], Auschwitz a été pensé comme un projet d’oubli – dans une période de vifs débats autour de la légitimité des études de la mémoire dans le champ historiographique, et prend son essor avec l’exigence croissante d’hommage envers les victimes du nazisme.

Le devoir de mémoire part du principe que la reconstruction historique, notamment en ce qui concerne les périodes les plus traumatiques, peut s’avérer fragmentaire et que la mémoire joue un rôle fondamental et complémentaire dans l’appréhension et la restitution du passé. Dans le devoir de mémoire, le souvenir comme impératif apparaît comme le fondement d’une posture éthique face aux victimes, posture qui exige de tous les membres d’une société qu’ils œuvrent pour que la barbarie ne se reproduise plus. Mais s’il existe un devoir de mémoire, il paraît nécessaire de se demander sur quels aspects de la vie politique, sociale, économique, juridique et morale il doit se fonde ; qui doit le mettre en pratique, au nom de qui, et jusqu’où (quelles sont ses limites). Le devoir de mémoire semble ainsi échoir à l’État et aux autorités gouvernementales qui jouent un rôle essentiel dans la promotion de processus de construction d’une mémoire historique, dans le cadre du droit à la vérité et du droit à la réparation intégrale des victimes. Ce devoir peut s’institutionnaliser, prendre des formes diverses, couvrir de nombreux champs, se concrétiser en associations, commémorations, musées, symboles, etc., voire donner lieu à des législations spécifiques, comme c’est le cas en France, en Allemagne, en Espagne et dans d’autres pays.

Dans La Mémoire, l’histoire, l’oubli [2000, p. 106], Paul RICŒUR affirme par ailleurs que le devoir de mémoire peut tout aussi bien constituer le comble du bon usage que le comble de l’abus dans l’exercice de la mémoire. Le philosophe propose ainsi de penser le devoir de mémoire à la lumière de ses deux dispositions que sont le travail de mémoire (avant que la mémoire ne devienne un impératif, il faut qu’elle fasse l’objet d’un véritable travail) et le travail de deuil (le devoir de mémoire n’est possible qu’après un authentique travail de mise à distance du passé). L’idée de justice serait alors ce qui permettrait

[...] de retourne[r] la mémoire en projet ; et c’est ce même projet de justice qui donne au devoir de mémoire la forme du futur et de l’impératif. On peut alors suggérer que le devoir de mémoire, en tant qu’impératif de justice, se projette à la façon d’un troisième terme au point de jonction du travail de deuil et du travail de mémoire [RICŒUR, 2000, p. 107].

Si les abus de la mémoire ont bien été identifiés par Tzvetan TODOROV [1995], il n’en reste pas moins que la mémoire, guidée par un souci de justice et de vérité, est absolument salutaire. Le philosophe espagnol Reyes Mate, directeur de la thèse de doctorat de Juan Mayorga sur la pensée de Walter Benjamin – nous reviendrons d’ailleurs sur les développements benjaminiens concernant l’histoire et la mémoire des vaincus lors de notre analyse de la pièce de Mayorga au programme – a longuement exploré cette question dans ses travaux et défend l’idée d’une justice mémorielle."