Donbass : un journaliste en camp raconte (à paraître)
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Donbass : un journaliste en camp raconte

19,00 €
TTC

Par Stanislav Asseyev.

Traduit par Iryna Dmytrychyn.

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  Livraison gratuite

Et en lettre suivie pour la France métropolitaine !

Journaliste et bloggeur ukrainien, Stanislav Asseyev a couvert le conflit du Donbass en écrivant sous pseudonyme. Il a été enlevé en mai 2017 et accusé d'espionnage. Détenu dans une ancienne usine transformée en centre d'art contemporain avant de devenir une prison, il a été libéré en décembre 2019 sous la pression de Reporters sans frontières, d'Human Rights Watch et de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). Un témoignage puissant sur une barbarie moderne et européenne.

Fiche technique

Référence
460780
ISBN
9782350307800
Hauteur :
17,8 cm
Largeur :
12 cm
Nombre de pages :
222
Reliure :
broché

STANISLAV ASSEYEV : L’HOMME QUI A VU L’ENFER,

PAR GALIA ACKERMAN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11

 

LE CHEMIN RADIEUX

 

Avertissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .19

Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .21

Chapitre1.L’arrivée .................................25

Chapitre 2. Isolatsia et le “code” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33

Chapitre 3. La Peur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .51

Chapitre 4. Un mal absolu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .55

Chapitre 5. Le temps des silencieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .61

Chapitre 6. La folie ou la norme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .69

Chapitre7.Letempsencaptivité .......................79

Chapitre 8. L’ampoule bleue : se tuer ou non ? . . . . . . . . . . . . .85

Chapitre 9. Les tortures : comment c’était . . . . . . . . . . . . . . . .99

Chapitre 10. Je suis brisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .105

Chapitre 11. Le sexe à Isolatsia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .107

Chapitre 12. Évasion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .115

Chapitre 13. La grève de la faim n’est pas une solution . . . . . .123

Chapitre 14. Pourquoi il n’y a pas eu de révolte . . . . . . . . . . .127

Chapitre 15. Mouseville : écrire malgré tout . . . . . . . . . . . . . .135

Chapitre 16. Dieu derrière les barreaux . . . . . . . . . . . . . . . . . .139

Chapitre17.L’humour en captivité ....................145

Chapitre 18. Qui sont ces gens ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .153

Chapitre 19. Un étrange sondage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .157

Chapitre 20. Un homme avec un chien . . . . . . . . . . . . . . . . . .161

Chapitre 21. L’expérience de la mort et la liberté. . . . . . . . . .163

Chapitre 22. Pas à Prague . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .169

Chapitre 23. Les nuits blanches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .173

 

LA PROSE D’ISOLATSIA. . . . .. . . . . . .

 

Christ au Goulag . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . .191

Au nom de Lénine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . .199

 

 

Something about someone . . . . . . . . . . . . . . . . . .201

Les héros du tocsin . . . . . . . . . . . . . . . .203

À moi, dans le futur . . . .. . . . . . . . . . . .205

La cloche . . . . . . . . . . . . . . .207

Des tuyaux et des hommes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .211

Un essai sur le volcan . . . . . . . . . . . . . . . .213

La prière d’un athée . . . . . . . . . . . . . . . . .215

 

QUELQUES DATES CLEFS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .217

Stanislav Asseyev est un écrivain et journaliste ukrainien.

Iryna Dmytrychyn est historienne, traductrice et maître de conférences à l’Inalco, spécialiste de l'Ukraine.

"On nous décharge un par un. Certains ont les mains liées par des bandes adhésives, les miennes sont enchâssées dans des menottes. Tout le monde a la tête dans un sac. Tout ce que j’ai pris avec moi de la cave précédente, c’est mon manuscrit. Le reste de mes possessions est sur moi. On nous aligne contre le mur, toujours la tête dans le sac, on nous fouille méticuleusement. On m’autorise à récupérer les feuilles dans le vieux dossier.

On débarque et chacun de nous comprend avec le temps que l’on n’est pas dans une prison. Plus précisément, pas dans une prison officielle, où on amène habituellement les gens. Ici, les chefs d’accusation sont différents : espionnage, terrorisme, extrémisme. Par la suite, j’écoperai de deux condamnations, de quinze ans chacune, sur sept chefs d’accusation. Six seront liés à mon activité professionnelle de journaliste et un concernera l’espionnage. C’est le cas d’à peu près tout le monde dans cette prison pour les détenus “particulièrement dangereux”, comme l’administration a qualifié notre contingent. On nous met dans les cellules : toutes les portes sont peintes en noir, les fenêtres en blanc. La lumière dans les cellules ne s’éteint jamais, même en plein jour. À peine s’ouvre la porte que tout le monde saute de son lit, enfile un sac plastique sur la tête, se tourne vers la fenêtre, les mains dans le dos. Tout cela ne prend que deux-trois secondes. C’est le règlement : interdiction de rester couché, de regarder en direction des fenêtres ou des caméras vidéo...

Alors, Isolatsia. La rue du Chemin radieux, au numéro 3. Nous nous sommes tous retrouvés dans l’ancienne usine de matériaux isolants au centre de Donetsk. Elle est devenue une base militaire et, par extension, une des plus cruelles prisons de la “DNR”. Cette prison n’a pas de catégorie, elle n’existe pas officiellement. Officieusement, elle renferme des dizaines de personnes dans ses cellules et ses caves. Tout autour, du béton et des armatures. C’est la zone industrielle de l’usine que je ne verrai qu’un an plus tard, lorsqu’on m’autorisera enfin à enlever le sac plastique avant de me rendre à la douche. Pour l’heure, nous avons du mal à nous habituer à la présence du lavabo et des toilettes dans la cellule. Notre peau pèle après la cave de la “maison” où j’ai passé un mois et demi. Les autres ont eu moins de chance – ils y ont passé plus de deux cents jours. Les conditions de détention nous déroutent : elles déroutent quiconque entend parler de cette prison. “Un camp de concentration avec l’air conditionné ? Vous plaisantez ?”, entendais-je souvent dehors, lorsque j’essayais d’expliquer ce qu’était la prison pour nous.

Bon... Vous êtes en effet accueillis par des plates-bandes de fleurs sous les fenêtres si vous débarquez en été, vous trouverez l’air conditionné dans certaines cellules. C’est la vérité, mais pas la vérité totale. Mon voisin blanchi en un mois vous en donnera une autre partie. Il n’a pas pu parler pendant une semaine, ayant perdu sa voix après avoir crié toute la nuit, les électrodes collées à ses parties génitales. Le courant électrique et la peau du scrotum écorchée parleront bien plus d’Isolatsia que l’air conditionné.