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Quelques pas dans l’en-decà

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Entretiens mémoriels avec le docteur Michel Guenkine

par Clive Thomson

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Un psychanalyste se livre.

Dans cet ouvrage d'entretiens, Michel Guenkine illustre à travers sa propre histoire familiale et personnelle ce qui constitue le coeur de l'originalité de son approche, à savoir que l'on porte les joies et les traumatismes des générations précédentes et que l'on transmet les siennes aux suivantes.
L'espérance est sans doute le mot clé de ce récit, la foi dans une psychanalyse bienveillante qui permet de supporter l'insupportable.

Fiche technique

Référence
460878
ISBN
9782350308784
Hauteur :
21cm
Largeur :
15cm
Nombre de pages :
144
Reliure :
broché
Nouveau produit

Avant-propos : l’en-deçà ?

PREMIER ENTRETIEN
HEUREUX COMME DIEU EN FRANCE

DEUXIÈME ENTRETIEN
J’ÉTAIS LE PETIT PÈRE, DÉJÀ, DANS CETTE HISTOIRE

TROISIÈME ENTRETIEN
UNE ÉPÉE DE DAMOCLÈS ME PESAIT SUR LA TÊTE

QUATRIÈME ENTRETIEN
UNE AFFAIRE DE VIE ET DE MORT

CINQUIÈME ENTRETIEN
LE BONHEUR DE FAIRE ADVENIR LA SURPRISE

SIXIÈME ENTRETIEN
LA PÉPITE, IL FAUT LASTIQUER UN PEU

Derniers mots

Photographies

Témoignages

Chronologie des principaux événements de la vie de Michel Guenkine

Glossaire

Index

Michel Guenkine a participé à l'aventure de la psychiatrie ouverte, à la suite des refondateurs Bonnafé, Tosquelles et Ey. À 90 ans, il est toujours un praticien respecté, superviseur de cas psychiatriques d'institutions genevoises du domaine carcéral et psycho-social. Dans cet ouvrage d’entretiens, il illustre à travers sa propre histoire familiale et personnelle ce qui constitue le cœur de l’originalité de son approche, à savoir que l’on porte les joies et les traumatismes des générations précédentes et que l’on transmet les siennes aux suivantes. Le souvenir de la Russie des pogroms, la perte du père engagé dans les Brigades internationales, le traumatisme de l’angoisse de la Shoah sont autant de fardeaux qu’il porte mais aussi des éléments dans lesquels il puise force et espérance. L’espérance est sans doute le mot clef de ce récit, la foi dans une psychanalyse bienveillante qui permet de supporter l’insupportable. À travers ses propres cas mais aussi dans le dialogue avec des psychanalystes de renom et dans l’analyse des différentes sociétés de psychanalyse, le docteur Guenkine propose un cadre éthique, préoccupation majeure de sa démarche. Il explique et défend l’originalité de son approche non orthodoxe en analyse pour certains cas qui n’auraient pas pu être traités de manière classique, il aborde aussi avec simplicité certains échecs. Le rapport entre médecine, psychiatrie, sexualité et toxicologie est analysé de façon originale. De même qu’est interrogée la spécificité du judaïsme laïc dans une société d’essence catholique.

Clive Thomson est professeur émérite de Littérature française à l’Université de Guelph et à l’Université Western Ontario (Canada), et psychanalyste. Il a publié chez Atlande d’autres ouvrages d’entretiens, notamment On croit comprendre le monde avec ça ! Entretetiens mémoriels avec Henri Mitterand (2021).


C. T. : J’ai envie de vous poser un autre type de question. Souvent, quand on est enfant et adolescent, on rêve et on se souvient de ses rêves. Est-ce que je peux vous demander de parler de vos rêves ?

M. G. : Oui, justement, là il y avait une abrasion. Une abrasion liée à la dépression. Il y avait un rapport très particulier, il fallait s’accrocher au réel. Il fallait. C’était comme un devoir. Et aussi comme une bouée de sauvetage. C’est- à-dire que l’imaginaire, d’un certain point de vue, c’était l’ennemi. C’est curieux, parce que ce goût pour la littérature aurait dû me permettre d’endosser l’imagi-naire d’une façon beaucoup plus libre, et c’était le contraire. Ce n’était pas du côté d’une obsessionnalité, mais du côté d’une nécessité du réel, pour s’éviter le précipice. Il y avait quand même la conscience, une certaine conscience, que j’étais un sujet à risque. Je me suis accompagné dans tout ce passage infantile et adolescent. On ne peut pas dire – on dirait que c’est le propre de pas mal d’adolescents – que j’étais véritablement dans mes chausses. Il y avait quand même la conscience de quelque chose qui n’allait pas et qu’il fallait être très précautionneux. Ce qui a fait de moi, dans cette traversée-là, qui a duré jusqu’à mes vingt-cinq ans, quelqu’un qui ne devait pas prendre de risque, que j’étais, en quelque sorte, non pas menacé mais qu’il y avait une épée de Damoclès qui pesait sur ma tête. Alors ça donnait à la fois une hyper conscience du réel, avec en même temps une distance, ce qui était très particulier. Je ne me débrouillais pas trop mal avec tout ça et, vraisemblablement, ce qui a été le viatique, comme j’ai déjà pu vous le dire, c’était un narcissisme bien accroché mais qui n’empêchait pas le souci des autres. L’intérêt pour les autres, de préférence les autres en peine, qu’ils le sachent ou pas. Les autres déprimés, en fait. Là, il y avait une sélection qui était absolument évidente, il me fallait les gens en perte. Il y avait déjà, tout en ayant ce processus auto-soignant pour moi-même, cette fonction soignante qui s’exerçait, sur un mode non officiel. Ce qui veut dire que ce n’était pas très rose. En parti- culier la sexualité. Ce n’est pas qu’elle était brimée, elle était inconnue.