Economie des inégalités
Delphine Pouchain, Camille Abeille-Becker, Jérôme Ballet, Julien Devisme, Catherine Duchêne, Anne Fretel, Virginie Jailloux, Arthur Jatteau, Matthias Knol et Quentin Rouget.
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Tout pour réussir l’épreuve d’économie de l’agrégation de Sciences économiques et sociales
Fiche technique
- Référence
- 460675
- ISBN
- 9782350306759
- Hauteur :
- 17,8 cm
- Largeur :
- 12 cm
- Nombre de pages :
- 492
- Reliure :
- broché
REPÈRES. INÉGALITÉS : ANALYSE ÉCONOMIQUE D'UN RETOUR
L’exclusion progressive des questions de répartition
La question des inégalités, entre intérêt et désintérêt dans la pensée économique 31
Les inégalités ne seraient plus un objet de préoccupation légitime 34
Le “tournant vers l’inégalité” depuis les années 1980
Une exacerbation des inégalités généralisée 37
L’évolution de la part des (très) hauts revenus 40
Les principales explications : Technologie, Ouverture et/ou Politique [Milanovic, 2019]
T : le progrès technique 46
O : l’ouverture internationale 48
P : le rôle des choix politiques 49
L’augmentation des inégalités : des inquiétudes débouchant sur un nécessaire renouveau théorique
“Le prix de l’inégalité” [Stiglitz, 2012] 54
Les inégalités comme objet principal de la science économique ? 58
Conclusion 61
THÈMES
Mesurer et analyser les inégalités en économie : un exercice complexe
Définitions et mesure des inégalités 66
L’analyse des inégalités en économie 66
• La naissance (tardive) de données empiriques sur les inégalités 67
• Une analyse centrée sur les inégalités de revenus 70
Les instruments de mesure des inégalités économiques 73
• Les analyses statistiques en termes de disparité : moyenne, médiane 73
• Les analyses statistiques en termes de dispersion 75
• La production statistique, une affaire de conventions 86
Les différentes approches des inégalités 92
L’analyse de la répartition factorielle 92
• L’étude du partage de la valeur ajoutée entre capital et travail 93
• L’approche de Piketty : le partage du revenu national et le rapport capital/revenu 98
L’analyse de la répartition personnelle 101
• Une analyse qui permet de discuter la courbe de Kuznets 101
• L’évolution des inégalités de revenu primaire 103
• L’évolution des inégalités de revenu disponible 104
• Des inégalités transformées depuis les années 1980 : une explosion des hauts salaires durable ? 105
L’analyse des inégalités à l’échelle mondiale : convergence ou divergence ? 106
• L’analyse des inégalités entre pays 107
• L’analyse des inégalités mondiales 108
Conclusion 110
Inégalités et croissance
Interroger le sens de la causalité reliant inégalités et croissance 116
Les inégalités seraient nécessaires à la croissance… 117
• Les inégalités favoriseraient la croissance et éloigneraient l’état stationnaire 117
• Des inégalités préférables à l’égalité 120
… et les inégalités profiteraient à tous à plus long terme 121
• Les inégalités profiteraient aux plus défavorisés 121
• Augmenter les inégalités… pour mieux les réduire ensuite 125
Inégalités et croissance : loi naturelle ou construction historique ? 130
La jolie fable de la “courbe en U inversé” : la baisse des inégalités, fruit d’une lutte politique 130
• Le rôle des accidents historiques dans la baisse des inégalités 131
• Un retour des inégalités durablement enrayé par des choix politiques 132
Une tendance “naturelle” à un niveau élevé d’inégalités 134
• r>g, la “loi“ fondamentale du capitalisme selon Piketty 134
• r>g, une tendance générale contrariée au XXe siècle 134
• Le retour des inégalités depuis les années 1970-1980 135
Croissance et justification des inégalités 138
• Diffusion et déclin d’une idéologie propriétariste 138
• Le risque du retour à une idéologie (néo)propriétariste 139
Lutter contre les inégalités pour favoriser la croissance économique 141
• Lutter contre les inégalités pour relancer la consommation 142
• Lutter contre les inégalités pour améliorer la productivité et la croissance de long terme 144
• Lutter contre les rentes inégalitaires pour dynamiser la croissance 145
• Le développement financier au cœur de la corrélation hausse des inégalités-ralentissement de la croissance 146
Crises et inégalités, le risque d’un cercle vicieux 148
Si la crise a des conséquences sur les inégalités… 148
• La crise peut aggraver les inégalités 149
• Mais la crise peut également affecter l’ordre social et les inégalités 151
… les inégalités créent les conditions d’une crise financière et économique 153
• Des inégalités responsables des crises financières et économiques les plus graves ? 153
• Les inégalités à l’origine de la “Grande récession” 158
Croissance, crises et inégalités : la pertinence d’une perspective régulationniste 160
Les inégalités au cœur de la dynamique de croissance 162
• Les Trente Glorieuses : plus d’égalité au service de la croissance 162
• Le retour des inégalités, dans un contexte différent : l’exemple de la période post-1973 165
Les risques liés à la financiarisation économique actuelle 169
• Lier inégalités et stagnation séculaire par le taux d’intérêt naturel 169
• Financiarisation, inégalités et ralentissement de la croissance 170
Conclusion 172
Inégalités et marché du travail
De l’hétérogénéité des travailleurs aux inégalités sur le marché du travail 175
Des préférences hétérogènes 176
• La préférence pour le loisir 176
• La présence de “différences compensatrices” 177
Les écarts de productivité 178
• L’investissement en capital humain 178
• Des inégalités économiques cumulatives 180
L’évolution des inégalités sur le marché du travail 182
Inégalités et technologie 183
• Le progrès technique biaisé 183
• La polarisation de l’emploi 187
Le rôle des institutions 190
• Le coût du travail 190
• La réglementation sur le marché du travail 193
L’analyse économique de la discrimination 194
Les facteurs de discrimination 196
• Les inégalités hommes/femmes 196
• La santé et l’âge 199
• L’origine ethnique 201
La discrimination, un choix rationnel ? 203
• Les justifications économiques des discriminations 203
• Le “coût économique des discriminations” 205
Conclusion 207
Lutter contre les inégalités : des prélèvements obligatoires à la redistribution
Le système socio-fiscal comme instrument de lutte contre les inégalités : définitions et outils 210
Les prélèvements obligatoires 211
• Les impôts 211
• Les cotisations sociales 213
La redistribution 214
• Redistribution horizontale, redistribution verticale 214
• Les prestations sociales monétaires et en nature 214
Les effets du système socio-fiscal : prélèvements, prestations et services publics 215
Les prélèvements obligatoires réduisent les inégalités 216
• Le rôle prépondérant de l’impôt sur le revenu dans la réduction des inégalités 218
• Le rôle des cotisations sociales dans la réduction des inégalités 218
Les prestations sociales et les services publics permettent de corriger les inégalités 220
• Effets des prestations monétaires 220
• Effets des prestations non monétaires (ou prestations en nature) 222
L’évolution du caractère redistributif du système sociofiscal en France 225
• La mise en place d’un système sociofiscal 225
• L’évolution de la redistributivité du système sociofiscal français 226
Lutter contre les inégalités via le système socio-fiscal : entre efficacité, équité et préférences sociales 228
Des risques de distorsion et d’inefficacités économiques 229
• Le rôle du signal prix 231
• La mise en évidence de la perte sèche 231
Au nom de l’efficacité, quelles règles de taxation optimale ? 233
• La règle de Ramsey : l’efficacité contre l’équité 233
• Mirrlees : l’équilibre entre efficacité et équité ? 233
• Opter pour un critère de justice plutôt que d’efficacité : la macrojustice de Kolm 234
Au-delà des critères économiques, la redistribution comme résultante de choix politiques et du contexte culturel : l’approche par les préférences sociales 235
• Du rôle de l’électeur médian… 236
• … aux facteurs institutionnels 236
Les débats contemporains en matière de lutte contre les inégalités 237
Le revenu universel : une prestation produisant plus d’égalité ? 237
• Le revenu universel : une réponse à la complexité du système de transferts sociaux 238
• Le revenu universel entre lutte contre les inégalités et lutte contre la pauvreté 239
Repenser les prélèvements fiscaux pour lutter contre les inégalités 240
• Le rétablissement de la progressivité de l’impôt 240
• La lutte contre l’évasion fiscale : un impératif politique pour penser un impôt progressif 242
Conclusion 244
Inégalités et santé
Les ISS, un enjeu de santé publique 246
Les ISS, apparition et définition 246
• L’émergence de la question des ISS : jalons historiques 246
• Éléments de définition et de mesure 249
Épidémiologie des ISS 253
• Les ISS dans la population générale 253
• Les ISS par sous-groupes spécifiques de populations 256
Les ISS, phénomène complexe et multifactoriel 246
Comment le social passe sous la peau 253
• Les ISS par sous-groupes spécifiques de populations 256
• Les modèles théoriques 263
Les déterminants socio-économiques et environnementaux des ISS 267
• La théorie matérialiste : les conditions matérielles d’existence, inhérentes aux ISS 267
• La théorie comportementale 275
• La théorie psychosociale 280
Lutter contre les ISS 283
De l’importance de lutter contre les ISS 283
• Une question de justice sociale 283
• L’argument économique 286
• Une question politique avec l’actuelle épidémie de Covid-19 : une épidémie révélatrice des ISS 287
Les politiques de lutte contre les ISS 289
• Les ISS, un problème de santé publique longtemps sous-investi politiquement 289
• Un bilan en demi-teinte : pas de stratégie globale de réduction des ISS 292
• De nouvelles perspectives : de la théorie à la pratique 297
Conclusion 303
Mondialisation et inégalités
Une mondialisation économique et financière a priori réductrice des inégalités, en théorie comme en pratique 310
Le quasi-consensus de la mondialisation économique bienfaitrice 310
• Avantage absolu et avantage comparatif : une spécialisation internationale réduisant les inégalités 310
• Du théorème HOS à Krugman : “la mondialisation n’est pas coupable” 314
• Le théorème Stolper-Samuelson : une brèche dans la vision idyllique de la mondialisation ? 318
Mondialisation financière, allocation optimale du capital et croissance 321
• Une mondialisation financière justifiée par l’efficience des marchés financiers 321
• La finance pour “sauver le capitalisme des capitalistes” ? 324
Mondialisation et convergence des économies et des niveaux de vie 325
• Une convergence effective… 325
• Qui reste cependant largement inachevée 327
Une “hyper” mondialisation partiellement responsable du retour des inégalités ? Ou la mondialisation finalement un peu coupable 328
Mondialisation et fragmentation des territoires : l’explosion des inégalités territoriales 329
• Les apports de l’économie géographique : le temps et l’espace comptent 329
• La mobilité du facteur travail en question : le modèle nomades/sédentaires 332
• Mondialisation et “égoïsme territorial” 336
La globalisation financière et le triomphe de l’injustice 338
• Quand finance et inégalités se nourrissent réciproquement 338
• Quand la concurrence fiscale détruit la “propriété sociale” 341
• Quand le gagnant rafle un peu trop la mise 343
La mondialisation sur la sellette 345
• Une démondialisation réelle ? 345
• Mondialisation et “Homme inutile”, la pire des inégalités ? 346
• Des tentatives de réponses inefficaces aux problèmes de la mondialisation 347
Mondialisation raisonnée et réduction des inégalités : une conciliation difficile mais nécessaire 350
Une mondialisation moins inégalitaire est possible 350
• Concilier mondialisation et réduction des inégalités grâce à l’innovation ? 350
• Une certaine gouvernance mondiale moins inégalitaire est possible 352
• Du libre-échange au juste-échange 354
Un capitalisme financiarisé à (ré)encadrer 356
• La fin des paradis fiscaux pour réduire les inégalités ? 356
• Taxer la finance : stabiliser les marchés tout en luttant contre les inégalités ? 358
Conclusion 360
Environnement et inégalités
Les crises et politiques environnementales exacerbent les inégalités socio-économiques 363
Des problèmes environnementaux à l’origine d’un accroissement des inégalités 364
• Des dégradations environnementales qui renforcent les inégalités socio-économiques entre pays et individus 364
• Une résilience inégale des populations en fonction des inégalités socio-économiques 369
Des politiques publiques environnementales pouvant accentuer les inégalités socio-économiques 371
• Les inégalités dans la responsabilité des dégradations environnementales 371
• Des politiques environnementales potentiellement régressives 374
Des inégalités socio-économiques accentuant la catastrophe environnementale 378
Une crise environnementale longtemps pensée en dehors des réflexions sur les inégalités économiques 379
• Une économie de l’environnement aveugle aux inégalités 379
• Les politiques environnementales : une demande exprimée par les plus riches 382
Des inégalités socio-économiques participant pourtant activement aux dégradations environnementales 384
• Au niveau microéconomique, pauvreté et concentration des richesses dégradent l’environnement 384
• Au niveau macroéconomique, la structure inégalitaire nourrit un développement économique insoutenable 386
Concilier réduction des inégalités, justice sociale et soutenabilité environnementale 388
Efficacité environnementale et justice environnementale : de l’opposition à la complémentarité 389
• L’efficacité environnementale contre la justice ? 389
• La nécessité d’une justice climatique intragénérationnelle 391
Face au changement climatique, quelle justice globale ? 393
• L’atténuation du réchauffement : la répartition du budget carbone 393
• La répartition des coûts de l’adaptation au réchauffement climatique 397
• La justice entre les générations est-elle possible dans l’Anthropocène ? 401
Quelles mesures publiques pour “réconcilier fin du monde et fin du mois” ? 405
• Pour une politique publique environnementale progressive 405
• Pour des politiques publiques social-écologiques 407
• Questionner nos modes de développement pour mettre fin aux “crises jumelles” du capitalisme 409
Conclusion 413
Les inégalités dans les théories de la justice sociale
L’égalité libérale et la justice sociale 418
Égalité des chances versus égalité de revenu 418
• La métaphore de la course 418
• … et ses limites 419
La solution rawlsienne 421
• La justice procédurale 421
• Les principes de justice 422
• Un ordre lexical 423
Inégalités naturelles et mérite : deux problèmes à résoudre 423
• Le problème des inégalités naturelles 424
• Le problème des avantages légitimes 424
Il est injuste de corriger tous les résultats 425
Les résultats légitimes 425
• La critique de Nozick 425
• L’identification problématique des talents “naturels” 426
Mieux justifier les inégalités : la responsabilité 426
• Le calcul des responsabilités 427
• Un calcul nécessitant un État omniscient 427
Une naturalisation des inégalités 428
• Retour des “mauvais pauvres” et légitimité des “bons riches” ? 428
• Le leurre du mérite 429
De l’inégalité des chances à l’inégalité d’opportunités 431
Inégalités des chances ou inégalités d’opportunités 431
• Égalité des chances et liberté de choix 431
• Liberté d’opportunités et liberté de processus 432
Inégalités d’opportunités et liberté de choix 433
• Lutter contre les inégalités d’opportunités 433
• Fonctionnements et capabilités dans l’analyse de Sen 434
De la liberté de choix à la reconnaissance 435
• L’intégration de la reconnaissance 436
• Revoir les politiques de justice sociale 437
Conclusion 437
OUTILS
Bibliographie 441
Glossaire 475
Index 487
Liste des figures
• Liste des cartes
• Liste des encadrés
• Liste des graphiques
• Liste des schéma
• Liste des tableaux
Les auteurs
Delphine Pouchain est agrégée de sciences économiques et sociales et maîtresse de conférences en science économique à Sciences Po Lille, où elle codirige la préparation à l’Agrégation de sciences économiques et sociales. Elle a dirigé le présent volume, rédigé la partie “Repères. Inégalités : analyse économique d’un retour”, et co-écrit le chapitre “Les inégalités dans les théories de la justice sociale”.
Camille Abeille-Becker est diplômée de l’École normale supérieure de Cachan et professeure agrégée de sciences économiques et sociales en Classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE commerciale voie ECE) au lycée Janson de Sailly à Paris. Elle a rédigé le chapitre “Inégalités et marché du travail”.
Jérôme Ballet est maître de conférences en sciences économiques à l’Université de Bordeaux. Il est également Président du Fonds pour la recherche en éthique économique (FREE). Il a co-écrit le chapitre “Les inégalités dans les théories de la justice sociale”.
Julien Devisme est professeur agrégé de sciences économiques et sociales aux lycées Jacquart à Caudry et Camille Desmoulin au Cateau-Cambresis. Il a rédigé le chapitre “Environnement et inégalités”.
Catherine Duchêne est médecin urgentiste, diplômée de Sciences Po Lille, chercheuse en santé publique (réseau doctoral EHESP, Paris Descartes) et enseignante en politiques de santé à Sciences Po Lille. Elle a rédigé le chapitre “Inégalités et santé”.
Anne Fretel est maîtresse de conférences en science économique à l’Université de Lille. Elle a dirigé pendant plusieurs années la préparation au Capes de sciences économiques et sociales de l’Université de Lille et est directrice adjointe de la Revue française de socio-économie. Elle a co-écrit le chapitre “Lutter contre les inégalités : des prélèvements obligatoires à la redistribution”.
Virginie Jailloux est professeure agrégée de sciences économiques et sociales au lycée Léon Gambetta d’Arras, et chargée de cours en économie à Sciences Po Lille ainsi qu’en Classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE commerciale voie ECE) au lycée Gambetta. Elle a rédigé le chapitre “Mesurer et analyser les inégalités en économie : un exercice complexe”.
Arthur Jatteau est diplômé de l’École normale supérieure de Cachan et agrégé de sciences économiques et sociales. Il est maître de conférences en sciences économiques et sociologie à l’Université de Lille. Il est également responsable de la préparation au Capes de SES de l’Université de Lille. Il a co-écrit le chapitre “Lutter contre les inégalités : des prélèvements obligatoires à la redistribution”.
Matthias Knol est professeur agrégé de sciences économiques et sociales en Classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE commerciale voie ECE) au lycée Saint-Jean de Douai et chargé de cours à Sciences Po Lille. Il a rédigé le chapitre “Inégalités et croissance”.
Quentin Rouget est professeur agrégé de sciences économiques et sociales en Classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE commerciale voie ECE) au lycée Saint-Paul de Lille et chargé de cours en Classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE B/L) au lycée Notre Dame de la Paix de Lille. Il a rédigé le chapitre “Mondialisation et inégalités”.
Égalité des chances versus égalité de revenu
Deux types d’inégalités sont particulièrement discutés : l’inégalité des chances et l’inégalité de revenu. Comme le souligne l’économiste Arthur Okun [1975], ce sont ces formes d’inégalité qu’il faut prendre en compte pour tenter de trouver un équilibre entre égalité et efficacité. Ce dernier défendait en effet l’idée d’un nécessaire arbitrage entre égalité et efficience, la recherche de l’une risquant de se réaliser au détriment de l’autre.
• La métaphore de la course
Prenons le cas d’une course d’endurance, et supposons que tout le monde doive y participer. Certains franchiront la ligne d’arrivée avant les autres. Peut-être même que certains n’arriveront pas à franchir cette ligne. Imaginons que la course soit un marathon. Sans entraînement, il n’est pas évident de finir la course. Certains seront peut-être entraînés et équipés avec de bonnes chaussures de course, auront de quoi boire pendant la course, etc., tandis que d’autres courront pour la première fois, n’auront que des chaussures de ville et n’auront rien pour s’hydrater. Pas étonnant dans ces conditions que tous n’arrivent pas en même temps sur la ligne d’arrivée. La distinction entre inégalités des chances et inégalités de résultats (ou de revenu) est une manière de clarifier le problème. Pour évaluer ce qui est du ressort d’une juste compétition, il faut se demander si tous les compétiteurs ont les mêmes chances au départ. Certes, la course s’achèvera immanquablement par un gagnant et un perdant, mais si tous ont été préparés de la même manière, alors ils ont eu la même chance au départ. C’est autrement dit l’égalité des chances qui rendrait légitimes, justes, et donc acceptables, les inégalités de résultats. Les inégalités des chances concernent la situation initiale, tandis que les inégalités de résultats renvoient à la situation à l’arrivée. On retrouve ici la célèbre formule de Walras écrite en 1896, “Égalité des conditions, inégalité des positions”. L’inégalité des positions, par exemple en termes de revenu, est légitime si elle résulte d’une égalité des conditions initiales, c’est-à-dire d’une égalité des chances. L’égalité des chances est une forme d’égalité libérale parce qu’elle met tout le monde sur un pied d’égalité et laisse jouer ensuite la concurrence. L’égalité de résultats entend au contraire corriger les conséquences de la concurrence.
Séparer inégalités des chances et inégalités de résultats semble fournir une bonne base de départ pour établir et justifier des politiques de redistribution (v. Lutter contre les inégalités : des prélèvements obligatoires à la redistribution). Les partisans de la réduction des inégalités des chances tenteront de trouver les moyens de niveler les compétiteurs au départ, peu importe le résultat final. Cela peut passer par une égalité des dotations initiales, avec par exemple un revenu universel (v. Lutter contre les inégalités : des prélèvements obligatoires à la redistribution). Les partisans de la réduction des inégalités de résultats, a contrario, voudront corriger les scores à l’arrivée. Si cette distinction analytique est commode, elle ne résout pas tous les problèmes, bien au contraire. En fait deux problèmes doivent être considérés. D’une part, est-il si facile que cela d’égaliser les chances au départ ? D’autre part, les résultats inégaux n’ont-ils pas une influence durable sur les prochaines courses ? Ainsi, cette distinction supposerait que l’on puisse identifier et isoler ce qui relève spécifiquement de l’(in)égalité des chances, et que l’on puisse neutraliser les conséquences des inégalités de résultats sur l’égalité des chances de la génération suivante.