Un Noël pragois
Jaroslav Rudiš
France met. : 5€ ⭢ 24€ d'achat, 10€ ⭢ 48€, 15€ ⭢ 96€, 20€ au-delà. DOM-TOM : 12€, 20€, 28€, 40€
Un conte moderne et décalé sur les vertus de l’amitié
Nous sommes le soir de Noël et un train arrive en gare de Prague. Jara en descend. Il a prévu de passer le réveillon avec des amis, avant de rejoindre ses parents le lendemain en Bohême, d’où il est originaire. Las, personne ne répond au téléphone. Jara est seul. Seul dans Prague. Commence alors pour lui une déambulation dans les rues de la ville enneigée. Noël oblige, ce soir-là, la magie opère : une ribambelle de personnages étranges et de phénomènes insolites se présentent à lui.
Il y a Kavka, singulier bonhomme dont la tête luit comme une ampoule et que tout le monde confondrait avec le célèbre écrivain tchèque (leurs noms se prononcent de la même manière), le roi de Prague, qui possèderait quant à lui toutes les clefs de la ville, et bien sûr la veuve italienne, dont le mari était tombé fou amoureux de la ville aux cents clochers.
Le brouillard, les gares, le chemin de fer, les tramways, la bière, les brasseries, les figures de marginaux... Richement illustré par Jaromir99, ce conte moderne à l’écriture poétique est une invitation à flâner dans Prague et à se laisser envoûter par ses mythes.
Fiche technique
Jaroslav Rudiš est un romancier et dramaturge de langue tchèque et allemande. Il a publié une dizaine de romans et s’est vu décerner l’ordre fédéral du mérite en Allemagne pour son rôle de « passeur engagé entre l’Allemagne et la Tchéquie » et le prix Karel Čapek en 2022.
Jaromír99, pseudonyme de Jaromir Švejdík, est un peintre, dessinateur et chanteur tchèque. Il a notamment adapté Le Château de Kafka en roman graphique. Il est déjà l’auteur, avec Jaroslav Rudis, d’Alois Nebel, bande dessinée en trois volumes adaptée au cinéma en 2011.
La traductrice:
Hélène Leclerc est maîtresse de conférences HDR à l’Université Toulouse 2 - Jean Jaurès où elle enseigne la civilisation et l’histoire des pays de langue allemande et dirige le Centre de Recherches et d’Études Germaniques. Ses recherches portent notamment sur les relations germano-tchèques à l’époque de la Guerre froide. Elle dirige chez Atlande la collection Clefs-concours allemand et a récemment publié l’ouvrage Lenka Reinerová und die Zeitschrift "Im Herzen Europas". (Böhlau, 2022).
La nuit tombe. Les réverbères s’allument et Prague commence à fermer les yeux. Il neige. Ici, sur les hauteurs, il fait toujours plus froid qu’en bas dans la ville. Je descends jusqu’au Château de Prague et je vois la cathédrale où un jour j’ai rencontré une Polonaise qui croyait reconnaître Adalbert de Prague parmi les gens qui priaient et qui alerta la police afin qu’elle l’interpelle. Cependant ce n’était pas du tout Adalbert de Prague, qui fut assassiné par les Borusses quelque part dans ce qui est aujourd’hui la Pologne orientale, mais un homme originaire de Slovaquie. Mais la femme refusait de le croire. Elle exigeait que la police arrête Adalbert de Prague. Les saints n’ont pas le droit de mentir. A fortiori Adalbert de Prague.
J’ai recroisé plus tard le pauvre homme à l’auberge Au Chat. Il était fourbu, las, et il dit à sa femme qu’il ne voulait plus jamais revenir à Prague. “Mais c’est vrai que tu ressembles un peu à Adalbert”, dit sa femme. Alors, l’homme se leva et partit.
Je poursuis mon chemin et me laisse entraîner via la rue Nerudova jusqu’à Malá Strana4, le pavé mouillé luit, le pavé tête-de-chat comme on dit à Prague. Je songe à boire une bière au Chat parce que la bière y est vraiment bonne. Mais elle l’est aussi à l’Hippopotame, malheureusement. Je renonce et me retrouve devant le palais Smiřický et tente encore une fois de joindre mes amis. Mes amis que je n’ai pas vus depuis longtemps. Mes amis qui m’ont invité à Prague afin que nous fêtions Noël ensemble.