

Par Hélène Leclerc
France met. : 3€ ⭢ 25€ d'achat, 6€ ⭢ 50€, 9€ ⭢ 100€, 12€ au-delà. DOM-TOM : 9€, 13€, 18€, 25€
Destination phare de la Mitteleuropa, longtemps présentée comme « ville aux trois peuples » réunissant Tchèques, Allemands et Juifs, perle industrieuse de l’Empire des Habsbourg et, jusqu’en 1918, ville la plus riche d’Europe centrale, Prague se veut depuis la chute du Mur l’un des pôles intellectuels de l’Europe ... Ce n’est pas un hasard si l’homme politique qui a présidé à la Révolution de velours, Vaclav Havel, tire sa légitimité de sa carrière littéraire : de Kafka à Hus, de Rilke au soldat Švejk, Prague respire la littérature.
Organisé autour de 50 mots-clefs qui, de Ahoj (salut) à Vltava en passant par défenestration, Golem, Kafka, cubisme ou marionnettes, ce lexique amoureux rassemble pour chaque entrée une courte introduction éclairant les aspects de Prague sous un angle historique, géographique ou anecdotique, un texte littéraire en version originale, sélectionné avec soin, et, sauf pour Chateaubriand ou Apollinaire, sa traduction. Un joli petit livre qui invite à suivre les pas tracés par les textes en tchèque, en allemand, en slovaque mais aussi en latin, en anglais, en espagnol ou en italien.
Fiche technique
Hélène Leclerc, normalienne et agrégée d’allemand, est enseignante-chercheuse en Études germaniques à l’université Toulouse Jean-Jaurès. Ses travaux portent sur l’histoire culturelle de l’Europe centrale et sur la littérature de langue allemande à Prague et dans les pays tchèques. Elle a notamment publié : Une littérature entre deux peuples. Écrivains de langue allemande en Bohême 1815-1848 (PUM 2011) et Lenka Reinerová und die Zeitschrift "Im Herzen Europas". Internationale Kulturbeziehungen während des Prager Frühlings (Böhlau 2022). Elle dirige chez Atlande la collection Clefs-concours allemand.
"Le mot “golem” apparaît dans l’Ancien Testament (Ps. 139, 16) où il signifie en hébreu “masse informe”. Depuis le XIIe siècle, il désigne un être dépourvu de parole créé artificiellement à l’aide d’une formule rituelle magique à partir d’une terre encore vierge de toute vie organique ; on trouve trace du golem également dans la tradition arabo-antique. Toutefois, c’est à Prague qu’on associe aujourd’hui largement le mythe du golem. Ce mythe est celui d’une statue de glaise qui serait sortie des mains de Rabbi Löw – Jehuda Löw ben Bezalel (1512-1609), dit le Maharal de Prague, qui la créa afin de protéger les Juifs de Prague des persécutions. La statue était pourvue d’un chem, une formule magique qui lui donnait vie quand on la plaçait dans sa bouche. On trouve diverses versions de cette légende. L’une veut que le golem ait échappé un soir à la vigilance de son créateur qui avait oublié de retirer le chem et qu’il ait été pris de furie ; une autre que Rabbi Löw ait lui-même décidé, après que les persécutions se furent apaisées, de détruire le golem, dont les restes furent entreposés dans les combles de la Synagogue Vieille-Nouvelle (Staronová synagoga); l’accès en fut scellé, mais un étudiant curieux brava l’interdit et redonna vie au golem; réalisant son erreur, il ôta le chem mais périt, emporté dans la chute de la créature. À cette légende s’agrège donc la métaphore de l’apprenti-sorcier, de l’humain victime de son hubris et dépassé par sa propre création."