L'art, la technique (à paraître)
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L'art, la technique

19,00 €
TTC

Par Silvia Manonellas et Jean-Baptiste Nanta

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Tout ce dont l’étudiant a besoin pour le sujet 2022 de Philosophie du concours de l'ENS et de la banque commune attachée. Comme tous les Clefs-concours, l’ouvrage est structuré en trois parties :           

   - Repères : le contexte historique,

   - Thèmes : comprendre les enjeux du programme,

   - Outils : pour retrouver rapidement une définition, une date, un personnage, une référence.

Fiche technique

Référence
460749
ISBN
9782350307497
Hauteur :
17,8 cm
Largeur :
12 cm
Nombre de pages :
456
Reliure :
broché

INTRODUCTION

ENTRE L’ART ET LA TECHNIQUE :

DE LA FRONTIÈRE AU MONDE COMMUN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

Jean-Baptiste Nanta

 

LE FONDEMENT NATUREL DE LA TECHNIQUE

L’ART IMITE LA NATURE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

Michel Nodé-Langlois

DESCARTES ET LA TECHNIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

Pierre Guenancia

L’ART COMME CRÉATION

ET L’ART CRÉA L’HOMME . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

Jean-Paul Jouary

UNE TECHNIQUE NON TECHNIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93

Alain Séguy-Duclot

LA VIE CONTAGIEUSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111

Arnaud Sorosina

LA QUESTION DE LA TECHNIQUE CHEZ NIETZSCHE :

UN MODÈLE DE CYNISME PHILOSOPHIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153

Philippe Choulet

 

PENSÉE CONCRÈTE ET CONCRÉTISATION

LA FIGURE DU BRICOLEUR

DANS LA PENSÉE SAUVAGE DE CLAUDE LÉVI-STRAUSS . . . . . . . . . . . . . 177

Evelyne Oléon

VIE, ACTIVITÉ TECHNIQUE ET INVENTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191

Hadi Rizk

EXPLICATION DES § 560 ET 561 DE L’ENCYCLOPÉDIE DE HEGEL . . . . . 215

Evelyne Buissière

 

LE MONDE TECHNIQUE

TEXTE DE KARL MARX :

LE MACHINISME ET LE GENERAL INTELLECT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237

Denis Collin

ART OU TECHNIQUE ? UNE QUESTION POLITIQUE . . . . . . . . . . . . . . . . . 255

Franck Kausch

DE L’USAGE COMME ESSENCE DE LA TECHNIQUE.

EN DÉCOUVRANT LA TECHNIQUE AVEC HEIDEGGER . . . . . . . . . . . . . . . 273

Jean-Philippe Milet

 

AUTRES REGARDS : L’ART ET LA TECHNIQUE EN SITUATION

LA FORME DE LA VILLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 341

Richard Lafont-Thomas

JEAN PROUVÉ : “JE SUIS UN HOMME D’ATELIER” [1978] . . . . . . . . . . . 365

Marjorie Occelli

LES ABERRATIONS OPTIQUES DE STEVEN PIPPIN :

LA PHOTOGRAPHIE, AVEC ET CONTRE LES APPAREILS . . . . . . . . . . . . . . 381

Guillaume Drevon

TRAVAILLER À CRÉER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 395

Pierre-Michel Menger

 

OUTILS

BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 419

GLOSSAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 441

Jean-Baptiste Nanta, agrégé de Philosophie, enseigne à Paris au lycée Lavoisier, à l’ENC-Bessières et dans le parcours pour les Sportifs de haut niveau à l’IEP de Paris. Il est aussi directeur de collection aux éditions Atlande.

Evelyne Buissière est agrégée et docteur en Philosophie, HDR, professeur de chaire supérieure en CPGE.

Philippe Choulet est professeur honoraire de Philosophie à Strasbourg, auteur de nombreux articles et ouvrages d’histoire de la philosophie, d’esthétique, de politique, etc. Parmi ses publications : La Philosophie allemande (avec Dominique Folscheid, P.U.F., 1993), Nietzsche, l’art et la vie (avec Hélène Nancy, édition du Félin, 1996), Édition de Nietzsche, La Généalogie de la morale (introduction et notes, Garnier-Flammarion, 1996), La Passion (Ellipses, 2004), Glenn Gould, l’idiot musical, Contrepoint et existence (Kimé, 2006), La Représentation (Atlande, 2020).

Denis Collin est professeur agrégé de Philosophie, docteur ès Lettres et Sciences humaines et auteur de plusieurs ouvrages consacrés à Marx dont Introduction à la pensée de Marx (Le Seuil, 2018).

Guillaume Drevon est ancien élève de classes préparatoires littéraires et étudiant en Lettres modernes et Philosophie (universités Panthéon-Sorbonne et Sorbonne Nouvelle). Il est auteur d’un premier court-métrage de montage et d’autoanalyse (Dans ma chambre, film confiné, 2020, 19). Il a aussi travaillé sur les œuvres littéraires et cinématographiques de Marguerite Duras et de Hervé Guibert. Il s’oriente aujourd’hui vers l’exercice de la psychanalyse.

Pierre Guenancia, professeur émérite à l’université de Bourgogne, est un spécialiste de la philosophie moderne, à laquelle il a consacré de nombreux livres et articles, en particulier sur Descartes et Pascal, notamment : Descartes et l’ordre politique (PUF, 1983, réédition Tel Gallimard, 2012), L’intelligence du sensible (NRF essais, Gallimard, 1998), Lire Descartes (Folio essais, Gallimard, 2000), Divertissements pascaliens (Hermann, 2011). Il est également l’auteur d’un essai philosophique : Le regard de la pensée. Philosophie de la représentation (PUF, 2009) et de deux volumes d’une Histoire personnelle de la philosophie : La voie des idées, de Descartes à Hume (PUF, 2015), La voie de la conscience, Husserl, Sartre, Merleau-Ponty, Ricœur (PUF, 2018).

Jean-Paul Jouary, docteur en philosophie, professeur de chaire supérieure émérite, enseigne à Paris et à Abidjan. Il est l’auteur d’une trentaine de livres dont Le futur antérieur, L’art moderne face à l’art des cavernes (Éditions Beaux-Arts, 2017), Manuel de philosophie populaire (Flammarion, 2019), La parole du mille-pattes, difficile démocratie (Les Belles Lettres, 2019), Vivre et penser dans l’incertitude (Flammarion, 2021).

Franck Kausch est agrégé de Philosophie et professeur de chaire supérieure en philosophie, enseignant en CPGE aux lycées Fénelon et Louis-le-Grand.

Richard Lafont-Thomas est professeur agrégé de Philosophie et enseigne au lycée des Francs Bourgeois à Paris. Il est également ingénieur et urbaniste, diplômé de l’INSA de Rennes et de l’IEP de Paris.

Pierre-Michel Menger est ancien élève de l’ENS de Paris et docteur en sociologie. Il a été chercheur au CNRS et est, depuis 2013, professeur au Collège de France, où il occupe la chaire de Sociologie du travail créateur. Il est par ailleurs directeur d’études à l’EHESS. Parmi ses publications : Le talent en débat (sous la direction de P.-M. Menger, P.U.F., 2018) ; Big data et traçabilité numérique (sous la direction de P.-M. Menger et S. Paye, éditions du Collège de France, 2017) ; The Economics of Creativity (Harvard University Press, 2014) ; Les intermittents du spectacle. Sociologie du travail flexible (Paris, éditions de l’EHESS, 2011) ; Le travail créateur. S’accomplir dans l’incertain (Paris, Hautes Études Gallimard Le Seuil, 2009) ; Portrait de l’artiste en travailleur. Métamorphoses du capitalisme (Paris, La République des Idées / Seuil, 2003).

Jean-Philippe Milet est professeur de chaire supérieure en philosophie, enseignant en classes préparatoires au lycée Henri IV. Il est ancien directeur de programme au Collège international de philosophie. Il a publié L’absolu technique - Heidegger et la question de la technique (Kimé 2000), Le temps (Atlande, 2018) et La vérité (Atlande, 2019). Ses travaux portent sur la technique et la politique.

Michel Nodé-Langlois, ancien élève de l’ENS Ulm, agrégé de Philosophie, a enseigné jusqu’en 2012 en classe de khâgne classique au lycée Pierre-de-Fermat, ainsi qu’à l’Institut catholique de Toulouse. Dernières publications : Disputes philosophiques (Artège, 2011), Questions de philosophie (Desclée de Brouwer, 2014), Thomas d’Aquin, Textes politiques (2 vol.) (Artège, 2019), Je crois en un seul Dieu (Pierre Tequi éditeur, 2018), Y a-t-il une antinomie de la raison pure ? (Pierre Téqui éditeur, 2021).

Marjorie Occelli est en doctorat d’histoire de l’art à Sorbonne Université, sous la direction de Jean-Baptiste Minnaert, ED 124, Centre Chastel CNRS (UMR 8150). En 2021, elle a été co-commissaire pour le Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle, Centre Pompidou, des expositions L’Univers de Jean Prouvé : architecture, industrie, mobilier à Madrid et à Barcelone en partenariat avec la Fondation La Caixa. Elle est également chargée de cours en histoire de l’art à l’université Gustave Eiffel, Marne-la-Vallée, depuis 2019.

Evelyne Oléon est professeur de Philosophie au lycée Chateaubriand de Rome.

Hadi Rizk, ancien élève de l’ENS de Saint-Cloud, docteur en philosophie, est professeur honoraire de khâgne au lycée Henri IV (Paris).

Alain Séguy-Duclot, ancien élève de l’ENS Ulm, agrégé et docteur en philosophie, maître de conférences à l’université de Tours. Auteur notamment de Définir l’art (Belin, 2017), Leçons sur l’esthétique de Kant (Ellipses, 2018) et L’art, en définitive (Hermann, 2021).

Arnaud Sorosina est agrégé et docteur en philosophie. Chercheur rattaché au laboratoire HiPhiMo de l’université Paris I, il enseigne en classes préparatoires au lycée Champollion (Grenoble). Outre des articles, il a publié plusieurs ouvrages consacrés à Nietzsche (Nietzsche diététicien, 2019 ; Nietzsche et l’écriture du Gai Savoir, 2020 ; Le Scorpion de l’histoire. Généalogies de Nietzsche, 2020 – tous chez Manucius), dirigé un ouvrage collectif (Les Historicités de Nietzsche, avec Bertrand Binoche, éditions de la Sorbonne, 2016) et préparé des éditions commentées ou préfacées du philosophe (L’Invention de la morale, GF, 2018 ; Pourquoi je suis si malin, Manucius, 2018 ; Nous qui sommes sans crainte, Manucius, 2020).

"LE FONDEMENT NATUREL DE LA TECHNIQUE

Le problème qui se pose nous mène dès lors dans un premier temps à tenter de comprendre en quoi l’art n’est pas la simple application à un cas particulier d’une loi scientifique générale. C’est donc de cette articulation entre science et technique qu’il nous faut partir.

Ce qu’une compréhension trop rapide des sciences de la nature semble nous dire, c’est qu’il s’agirait simplement d’y montrer dans quelle mesure, à une cause donnée, correspond un effet qui s’ensuit nécessairement. Or qu’un déterminisme soit à l’œuvre dans la nature n’implique pas que la nature s’y réduise. Et l’usage fait par la technique de ce déterminisme ne signifie pas non plus que son fonctionnement se réduirait aux lois causales qui s’y déploient. C’est que le rapport de la technique à la connaissance de la nature est plus subtil et complexe que cela. Comme le montre Michel Nodé-Langlois dans l’analyse qu’il propose d’un extrait du livre II de la Physique d’Aristote, on ne peut pas plus comprendre l’ordre de la nature en faisant abstraction de la finalité des processus qui s’y déploient qu’on ne peut penser la technique en occultant les processus d’engendrement naturels que celle-ci reprend à son compte. C’est ce double rapport qui est contenu dans l’affirmation aristotélicienne que “l’art imite la nature” : car c’est en comprenant qu’il y a bien un ordre dans la nature et non une simple suite d’événements que seul le hasard et l’enchaînement aveugle des causes et des effets auraient juxtaposés, qu’on peut ensuite comprendre la possibilité de la technique. “L’efficacité technique doit tout en dernière instance à l’efficace des causes naturelles qu’elle mobilise, et elle ne peut rien réaliser que la nature, avant tout, ne rende possible” (M. Nodé-Langlois). La mimésis, dès lors, n’est pas une imitation superficielle de l’apparence des choses, c’est “une conformité en profondeur entre les processus producteurs” (M. Nodé-Langlois).

Or il convient de noter que cet entrelacs de causalité et de finalité qui est au cœur aussi bien de la nature que de la technique est également au fondement de la pensée cartésienne de la technique. Quoi qu’il en soit de ce qui peut opposer par ailleurs la pensée de Descartes et celle d’Aristote, il convient ici de remarquer que le mécanisme cartésien ne permet de comprendre l’opération technique qu’en étant rapporté à la réalité humaine, c’est-à-dire à la réalité d’une union de l’âme et du corps, et donc de la nature saisie dans une relation causale double entre ces deux aspects du composé humain. Comme le souligne Pierre Guenancia, dans le chapitre qu’il consacre à “Descartes et la technique”, “la connaissance de cette relation causale à double sens est aussi indispensable pour acquérir la maîtrise de soi que la connaissance des causes physiques pour se rendre comme maître de la nature”. Si la technique, donc, peut être comprise avec Descartes comme un art de jouer avec les corrélations naturelles, ces corrélations dont l’homme de l’art inventera de nouvelles configurations possibles ne sauraient être comprises comme des mécanismes aveugles. Elles n’ont de sens que relativement à des fins utiles à l’homme, c’est-à-dire finalisées.

C’est seulement en étant rapportée à une telle finalité que la technique peut être comprise, et ce sont par conséquent les modalités de son élaboration qu’il s’agit de comprendre. Mais c’est aussi, réciproquement, la compréhension des phénomènes naturels qui est par-là rendue possible : en découvrant, dans leur configuration, la puissance de leur créateur. Car ce qu’il y a d’admirable dans la nature, ce ne sont pas les choses elles-mêmes (pas plus la réalité matérielle que les lois de causalité), mais “l’art de l’ouvrier” (P. Guenancia), c’est-à-dire de Dieu lui-même.

Nature et technique ne peuvent donc pas être dissociées : non que la seconde soit une simple application de la connaissance de la première, mais en ce que les deux sont des configurations issues de la même puissance d’engendrement, puissance que l’art, ou la technique, doit s’approprier, non pour la reproduire, mais pour apprendre à en jouer, c’est-à-dire à la réinventer sans cesse dans ses modalités concrètes. Derrière cette réinvention constante des configurations naturelles, ce n’est donc pas une simple répétition des processus naturels qui est en œuvre, mais un véritable acte créateur."