La fabrique des mémoires
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La fabrique des mémoires publiques

19,00 €
TTC

Sous la direction d'Isabelle David, Fabrice Galtier et Flore Kimmel-Clauzet.

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Fruit d’un colloque organisé à Montpellier, l’ouvrage interroge le processus de construction des mémoires publiques en mettant en parallèle des exemples brûlants (l’enseignement de la Guerre d’Algérie, la propagande et l’histoire dans la Turquie d’Erdogan, le questionnement des Suisses sur leur attitude pendant la Seconde Guerre mondiale) et des précédents historiques instructifs (la mémoire civique dans la Grèce ancienne, l’image de Néron, les récits antagonistes de la Guerre d’Espagne). L’ouvrage questionne aussi le rôle de la caricature, des clichés littéraires, du théâtre ou des biopics dans la construction des mémoires publiques. Parce que notre mémoire individuelle a aussi une dimension collective, cet ouvrage concerne chaque citoyen.
Un ouvrage richement illustré au format décalé pour décentrer le débat.

Fiche technique

Référence
460516
ISBN
9782350305165
Hauteur :
17,8 cm
Largeur :
17,8 cm
Nombre de pages :
320
Format :
carré

Introduction générale

 Réflexions liminaires

Olivier Abel, “La fabrique des mémoires publiques, Remarques à partir de Paul Ricœur”

Jean-Daniel Causse, “L’oublié et l’inoubliable, Réflexions à partir de Freud”

 Politiques de la mémoire

La mémoire en question

Laurence De Cock, “La construction de l’enseignement de la Guerre d’Algérie comme un problème : réflexion sur la fabrique d’un paradigme de la défaillance et sur ses effets, des années 1980 à nos jours”

Charles Heimberg, “La fabrication scolaire des mémoires publiques et ses limites : le cas de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale”

Christophe Chandezon, “Se distinguer ou s’intégrer ? Usages de la mémoire civique à Thespies (Béotie, Grèce)”

Antoine Pérez, “Amida, la métropole sans mémoire”

Conflits de mémoires

Caroline Wallis, “Newroz ou Nevruz ? Nationalisme et conflit de mémoire dans la Turquie contemporaine”

Martine Assénat & Julien Boucly, “À quoi sert la mémoire ? Au sujet de quelques églises et d’un türbe à Diyarbak?r”

Virginie Sudre, “De la Guerre civile à la guerre des mémoires en Espagne : entre récits mythiques, oubli imposé et tentatives inachevées”

Mémoires des arts

La mémoire en clichés

Fabrice Galtier, “L’image du Néron incendiaire au XXe s. et sa représentation dans la caricature contemporaine”

Thierry Allain, “Du héros naval à la figure politique. L’amiral Michiel de Ruyter et la bataille d’Agosta en 1676”

Sylvie Triaire, “La mémoire publique en clichés : bribes d’histoire dans quelques œuvres littéraires du XIXe siècle”

Delphine Robic-Diaz, “D’autres visages pour l’histoire coloniale : les biopics”

L’histoire littéraire en devenir

Flore Kimmel-Clauzet, “Tombeaux des poètes et naissance des genres poétiques en Grèce ancienne”

Marion Denizot, “L’écriture de l’histoire du théâtre : une histoire au pluriel, entre mémoire(s) collective(s) et histoire(s) officielle(s)”

Marie Blaise, “Desunt caetera : la littérature et le bloc de cire”

 

Isabelle David, Fabrice Galtier et Flore Kimmel-Clauzet sont maîtres de conférences en Lettres classiques à l’Université Paul-Valéry de Montpellier.

Avec la participation de: Olivier Abel, Thierry Allain, Martine Assénat, Julien Boucly, Marie Blaise, Jean-Daniel Causse, Christophe Chandezon, Laurence De Cock, Marion Denizot, Charles Heimberg, Antoine Pérez, Delphine Robic-Diaz, Virginie Sudre, Sylvie Triaire, Caroline Wallis.

"Depuis la fin des années 1970, la période connaît ce qu’Angéline Escafré-Dublet nomme une “culturalisation de la question immigrée” dans les politiques publiques#, à savoir le passage d’un traitement social de l’immigration à un traitement culturel via les politiques de cultures d’origine et les programmes télévisuels spécialisés (l’émission “Mosaïque”). Parallèlement à ce phénomène, Sylvain Laurens, lui, avait démontré dans sa thèse la fabrication de l’immigration comme “problème#”, à la fois par la gestion administrative de l’immigration et par le discours médiatique ciblant les immigrés comme détenteurs de caractéristiques culturelles spécifiques et relayant à la fois les violences dans certains quartiers et le racisme subi par ces populations. Les populations d’origine maghrébine sont les plus fréquemment ciblées par les discours, elles qui sont installées en France depuis deux générations au moins désormais et commencent un vaste mouvement de politisation qui s’incarne notamment, en 1983, dans la marche pour l’égalité et contre le racisme. Abdellali Hajjat a relayé dans ses travaux la présence d’une “mémoire intime” de la Guerre d’Algérie qui circule dans les associations militantes et, dans une moindre mesure, dans les espaces familiaux#, mais l’argument du passé colonial n’affleure que très peu dans l’espace public. Seuls quelques journalistes qualifient certains marcheurs de “fils de harkis”, mais ne prolongent pas l’analyse."

La quatrième page de couverture nous rafraîchit la mémoire quant à la définition de l'objet : " Les mémoires publiques sont ces petits fragments de l'histoire - personnages, lieux, ou événements marquants - qui ont été dépouillés de leur dimension anecdotique, singulière, et incarnent des valeurs communes à un groupe social dont elles forgent l'identité." La deuxième page de l'introduction renchérit : "par "mémoire publique", nous entendons tout type de conservation du souvenir d'objets du passé qui s'expose à autrui hors du cadre familial, dans un espace social où  ce souvenir participe à l'élaboration d'une mémoire commune. Il y a donc nécessairement, dans une société donnée, une pluralité de mémoires publiques, qui sont loin d'être toutes officielles." Et l'introduction toute entière explicite largement avec l'exemple de la Bérézina (1812). Ensuite, quinze contributeurs, organisés en quatre grands thèmes, traitent des mémoires publiques, sans oublier la grave et importante question de l'oubli (ainsi que la crainte de l'oubli), cela en référence à Paul Ricoeur (La mémoire, l'histoire, l'oubli, 2003). Dans le premier article, Laurence de Cock démontre, en résumant sa thèse mais sans faire référence à l'APHG, qu'importante a été la part accordée au traitement de la guerre d'Algérie dans l'enseignement français, contrairement à l'idée reçue. L'école est à nouveau interpelée par l'intermédiaire de la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale ; la littérature dans ses rapports avec la mémoire est un sujet, largement traité ici ; la guerre des mémoires de la guerre civile espagnole est questionnée de façon intéressante ; une contribution s'intéresse aux biopics coloniaux. La "question kurde" est étudiée, tout au moins pour ce qui concerne la Turquie, par deux contributions qui montrent une réalité mémorielle tout à fait glaçante. L'Antiquité est, eu égard à la direction éclairée de l'ouvrage, bien servie (mais une faute d'orthographe à Libye !), et l'on goûtera particulièrement, sans doute l'article sur l'image de Néron incendiaire, qui est un véritable modèle, épaulé par une bonne iconographie (je précise que l'auteur n'est pas un de mes anciens élèves, à la différence d'autres auteurs, que je n'évoque évidemment qu'indirectement ici...). Une bibliographie générale finale fait... 18 pages, mais une thèse restée dactylographiée ne peut-elle pas gagner du lectorat et de l'autorité par une version numérique, mise en ligne et évidemment gratuite ?

Dominique Lejeune (Historiens et Géographes, 111e année, n°450 - mai 2020)